Le collectif de marins de la Compagnie nationale algérienne de navigation (Cnan), touché en 1997 par un licenciement collectif, revient à la charge et réclame l'ouverture d'une enquête en vue du recouvrement de ses droits. Dans une lettre adressée, le 9 février dernier, au président du directoire de la Société de gestion des participations (SGP) Gestramar, qui gère le portefeuille de la Cnan, et dont Liberté est en possession d'une copie, le collectif a demandé que toute la lumière soit faite au sujet du plan de redressement, mis en place à l'époque, “en particulier le volet social”. Il a clairement indiqué que les 88 marins licenciés pour raison économique sont les “victimes” d'un conflit ayant éclaté, en septembre 1997, entre le syndicat de l'entreprise et la direction centrale du personnel et de la formation. “C'est à partir de là que nous estimons avoir été lésés dans nos droits”, a-t-il révélé dans sa correspondance, en portant de graves accusations contre ceux qui seraient à l'origine de leur congédiement. En effet, le collectif des marins licenciés a fait état d'un “licenciement illégal” en brandissant des preuves à l'appui, et rappelé que de “faux documents (…) ont été utilisés pour nous forcer la main et nous obliger à nous diriger vers la Cnac” (Caisse nationale d'assurance-chômage, ndlr). Par ailleurs, le groupe a expliqué les raisons du choix porté sur le responsable de Gestramar, en l'occurrence Ghazi Ghenaïnia, qualifiant celui-ci de “personne qui convient le mieux dans cette affaire”, d'autant plus qu'il avait été le président-directeur général de la Cnan “jusqu'en 1998”. Hier, des membres du collectif ont annoncé à Liberté que “l'ancien P-DG et son staff ne nous ont pas touchés”. D'après leur représentant, Bachir Rachedi, M. Ghenaïnia, acteur d'un plan de redressement “à deux volets sociaux et incluant deux vagues de compressions d'effectifs”, est le plus apte à diligenter une enquête, parce qu'“il connaît le mieux la situation de 1997 et occupe depuis le mois de janvier (2009) le poste le plus approprié pour nous rendre justice”. L'affaire des marins congédiés pour des raisons liées au redressement de la Compagnie nationale algérienne de navigation date, comme on le voit, de plus d'une décennie. Pendant cette période, ces agents navigants ont frappé à toutes les portes, à titre individuel et collectivement, pour être écoutés et “rétablis dans leurs droits”. Malgré la précarité de leur situation, ils ont entrepris diverses démarches : envoi de lettres aux plus hautes autorités du pays, y compris au président de la République, introduction de leur affaire en justice et demande de l'aide à la presse nationale. Ces démarches visaient, selon M. Rachedi, non seulement à dénoncer “la violation des articles” de la convention collective de l'entreprise, les “pratiques frauduleuses utilisées en 1997/1998 par des membres du syndicat”, les “recrutements discriminatoires” et “le versement illégal de 50 000 DA aux œuvres sociales par des licenciés réintégrés”, mais également à attirer l'attention sur “la grande injustice” qui frappait le personnel congédié et à “faire réagir les autorités compétentes” pour mettre un terme au calvaire des premiers concernés. Il faut savoir que la mise en chômage forcé qui a affecté une partie du personnel de la Cnan, en 1997 et 1998, particulièrement les marins, remonte à la période où la compagnie de navigation s'initiait dans un processus d'autonomie. Un processus, certes, coûteux pour l'Etat, mais aussi difficile pour l'entreprise publique. Aussi, compte tenu des documents en notre possession, l'opération se rapportant au volet social comporte des anomalies dont les répercussions sont supportées par les seuls licenciés. Ce qui est en soi anormal. À partir de là, cette situation, “injuste” pour une des parties, plaide pour une plus grande attention, voire des réparations, de la part de la direction et, par voie de conséquence, de l'Etat. C'est dans ce cadre qu'il faut placer la demande d'ouverture d'une enquête. Hafida Ameyar