Témoignage n Depuis leur licenciement en février 1998, trois marins, sur les 85 concernés, ont frappé à toutes les portes pour trouver une oreille attentive à leur détresse. En vain ! L'affaire remonte à mars 1997. La Cnan devient autonome. Conséquence : un plan de redressement de l'entreprise a été présenté. 85 marins feront les frais de ce redressement. Parmi eux, Bachir Rachedi. Il est marin depuis 1980. Il est nommé en 1996. Un an après, en 1997, alors qu'il naviguait, un télégramme tombe tel un couperet sur Bachir et ses collègues. Il les informe que, dorénavant, ils «devront» opter pour le départ volontaire. Pourtant, la décision sur la cessation de la relation de travail par télégramme est contraire à la convention collective du personnel navigant. À cet effet, l'article 71 est clair : «La cessation de la relation de travail ne peut, en aucun cas, intervenir en dehors du territoire national». Février 1998, Bachir est mis au chômage, plutôt «livré» à la Caisse nationale d'assurance chômage (Cnac), La raison avancée ? Pas besoin de chercher. Il est licencié pour des «raisons économiques». Cette raison invoquée, tient-elle la route ? Bachir répond par la négative. L'article 74 de la convention relève que le licenciement pour compression d'effectifs peut intervenir lorsque des raisons économiques fondées le justifient et seulement après épuisement de tous les recours susceptibles de l'éviter tel que prévu par la législation. D'ailleurs en 1999, explique Bachir, des marins ont été réintégrés à leur poste en raison d'un déficit en main-d'œuvre. Mais cette réintégration n'avait pas fait que des heureux, puisque leur nombre était insignifiant. «En plus de cela, la réintégration s'est faite de façon verbale et les marins réintégrés étaient contraints de verser aux œuvres sociales du syndicat une somme de 50 000 DA», explique Bachir. La raison ? «Je ne sais pas. Je sais seulement que rien ne justifie ce versement !» Près d'une dizaine d'années plus tard, Bachir et ses collègues se battent toujours pour réintégrer leur poste. Ils ont adressé des correspondances à toutes les instances du pays. D'abord, au président de la République, au Chef du gouvernement et à différents ministères. À chaque envoi, ils reçoivent un accusé de réception. Plutôt de déception ! Ils ont introduit un recours auprès de la justice. Ils attendent qu'elle prenne en charge leur dossier. Les jugements tardent à venir tout comme les réponses des autorités. En attendant, ils vivent dans la détresse.