En dépit de l'opposition populaire à la normalisation avec l'Etat hébreu, traduite par les nombreuses marches dans le royaume contre Israël lors de l'agression sur Gaza, la monarchie alaouite continue à entretenir des relations commerciales avec Tel-Aviv, dont le montant est loin d'être négligeable. Parallèlement à la tenue d'une conférence internationale sur “Israël : crimes de guerre et génocide” à Rabat, avec la participation des représentants d'organisations régionales et internationales des droits de l'Homme et d'une pléiade d'avocats internationaux et d'experts en droit international, des associations marocaines dénonçaient les liens commerciaux entre l'Etat hébreu et le royaume chérifien. Ainsi, l'un des responsables marocains de “l'initiative nationale de boycott d'Israël”, Anis Bellafridj, affirmait qu'au titre de l'année 2008, les échanges commerciaux entre Israël et le Maroc ont atteint 30 millions de dollars US. Selon la même source, l'activité commerciale de Rabat vers Tel-Aviv pour la même année est estimée à 5,3 millions de dollars US, et dans le sens contraire, elle est évaluée à 6,26 millions de dollars US. Anis Bellafridj déclare que sa source n'est autre que le site internet du ministère marocain de l'Agriculture, qui donne une liste de 70 dossiers relatifs à l'acquisition de semences israéliennes, dont certains ont été acceptés par ce département. L'interlocuteur de la presse, qui intervenait dans le cadre d'une conférence organisée à Casablanca, a souligné que les chiffres en question ne concernent que les échanges directs entre les deux pays, alors qu'il en existe d'autres qui transitent pas l'Europe et sont gardés secrets. Le journal marocain Ettadjdid affirme de son côté qu'il existait des preuves sur des produits chimiques agricoles commercialisés au Maroc, ainsi que des techniques tel le goutte-à-goutte, ceux-ci fabriqués par une société israélienne du nom de Netafin. Cette firme est le principal bailleur de fonds de la foire internationale agricole d'Agadir, ajoute la même source. Par ailleurs, des semences produites par les sociétés israéliennes Hazaïra et Zaraïm, dont les emballages sont modifiés en Europe dans le but de masquer l'origine du produit, sont utilisées au Maroc. En outre, la première entreprise israélienne indique que 10% de ses ventes en 2003, qui représentent 50 millions d'euros, se sont faites avec le Maroc. Pour en revenir à la conférence, qui se tient depuis hier sur les crimes de guerre israéliens, elle est initiée par l'Organisation islamique pour l'éducation, les sciences et la culture (Isesco) en collaboration avec des organisations palestiniennes. Elle vise à élaborer des études et des travaux de recherche juridiques sur les crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide perpétrés par Israël contre les citoyens palestiniens et réunir les preuves qui corroborent les rapports des organisations des droits de l'Homme à cet égard. Son objectif est également de coordonner les efforts entre les différents acteurs et les organismes internationaux des droits de l'Homme pour constituer des dossiers juridiques complets et documentés sur les crimes contre l'humanité et les crimes de guerre commis par Israël et établir la responsabilité de leurs auteurs afin de les poursuivre devant les tribunaux européens habilités à exercer leur compétence pénale internationale. Voilà les deux faces, l'une cachée et l'autre visible, de la monarchie marocaine, qui commerce d'un côté avec l'Etat hébreu, et s'attelle de l'autre à dénoncer les boucheries israéliennes contre le peuple palestinien. Merzak Tigrine