Âgé de 26 ans, père d'un bébé et l'aîné d'une famille de 11 membres, le chauffeur du camion, Saïd Madani, toujours porté disparu au fond du Rhumel depuis jeudi matin a été repêché hier en début de journée. Avant-hier, à notre arrivée sur les lieux, à 10 heures du matin, une soixantaine d'agents œuvraient toujours au niveau du Oued Rummel. Sous le regard des curieux, les uns sur les lieux, les autres depuis les cabines du téléphérique qui survole le site, les éléments de la Protection civile essayaient de démonter l'arrière du semi-remorque pour pouvoir entrer dans la cabine. “Les pompiers n'ont pas encore la certitude que le corps de la victime est à l'intérieur de la cabine ou en dessous parce qu'il est encore impossible de pénétrer dans le logis tellement il est aplati”, nous précisera Mansour Azzedine, le chef de l'unité principale de la Protection civile. Selon notre interlocuteur, des difficultés persistaient du fait que le camion est entré dans une grotte ce qui ne permet pas de lancer les recherches pendant la nuit. L'autre problème que rencontraient les sapeurs-pompiers découle de l'épaisseur du câble utilisé pour hisser le camion. Elle ne permet pas de soulever une charge de plus 20 tonnes croupies à plus de 180 mètres de profondeur. Toujours avant-hier, sur les lieux du drame, 150 personnes, membres de la famille de la victime, étaient et depuis jeudi dernier à Constantine. Elles ont décidé de ne pas quitter le lieu du drame jusqu'à ce que le corps de leur fils soit retrouvé et repêché. À 16 heures, au moment où nous nous apprêtions à quitter les lieux, les sapeurs- pompiers, après tant d'efforts, sous le regard perdu du père de Said, arrivaient à soulever de quelques pouces la cabine du rocher. Déjà, un plongeur, puis deux, puis six s'apprêtaient à s'engouffrer entre l'amas de tôle et le rocher pour sonder les lieux. L'opération risque de prendre encore du temps, car, il faut à la fois de la force pour maintenir la cabine soulevée et beaucoup de précautions pour éviter la rupture de la corde qui pourrait être fatale pour les secouristes, surtout que 4 câbles se sont déjà rompus depuis le début des fouilles. Une heure après, soit à 17 heures, ce qui reste du corps de Said apparaît collé à la tête de la cabine qui était incrustée verticalement dans le lit de l'oued. La joie des secouristes et des parents cède la place, quelques minutes après, à une sensation de non achevé. La nuit commence à tomber, il fait déjà sombre et les secouristes décident d'interrompre leur action faute de lumière. Hier, dès la levée du jour, les sapeurs- pompiers se mirent à la tâche. Elle est rude. Midi, les jambes de la victime sont dégagées. Ce n'est pas le cas du torse et de la tête toujours coincée dans une cabine tellement tassée qu'elle ne fait plus que 40 centimètres de hauteur. Midi trente minutes, on commence à découper la tôle de la cabine pour dégager l'ensemble du corps. Une heure et demie après, le corps fut enfin dégagé. Se termine, ainsi, le calvaire d'une famille qui peut entamer son deuil. Commence alors, une enquête pour déterminer les circonstances exactes de cet accident et un audit de toute l'opération de gestion de cette crise. Betina Souheila