Le jeudi 20 février 2003, Jugurtha Hamenad, dit Mohand (23 ans), a été grièvement blessé lors d'un rassemblement spontané qui s'était formé devant le siège de la sûreté de daïra de Mekla, ex-brigade de gendarmerie, après l'interpellation de quelques jeunes de la localité. Jugurtha Hamenad recevra trois balles en caoutchouc tirées à bout portant par des policiers. L'une des balles lui fracturera la mâchoire, les deux autres le toucheront l'une à l'épaule et l'autre au dos. Malgré son état de santé, Jugurtha sera arrêté avec une dizaine d'autres jeunes de Mekla, tous proches du mouvement citoyen, ce qui fera dire aux délégués qu'il s'agit d'un “complot ourdi par les relais locaux du pouvoir”. Le père de Jugurtha révélera que malgré la dégradation de l'état de santé de son enfant, il ne recevra les premiers soins que plusieurs jours plus tard. “Son visage est totalement déformé aujourd'hui”, révélera-t-il. Après une première condamnation par le tribunal d'Azazga à six mois de prison ferme pour les chefs d'inculpation d'“attroupement et d'atteinte à l'ordre public”, la peine a été réduite à quatre mois de prison ferme, après appel des avocats de la défense. Jugurtha Hamenad et quatre de ses camarades seront détenus à la maison d'arrêt de Tizi Ouzou. Le procureur a encore fait appel, mais c'est demain que devraient être libérés ces quatre détenus, soulageant ainsi les parents et les délégués de la coordination locale de Mekla qui exigent la libération de tous les détenus, au nombre de 15, car ils “sont arbitrairement incarcérés”. Trois prévenus avaient bénéficié de l'acquittement et de peines avec sursis, alors que deux autres avaient été condamnés à une année de prison ferme. Quatre attendent la session criminelle, quatre sont accusés d'enlèvement d'un fusil à pompe et un autre de “coups et blessures”. K. S.