La ministre de la Culture, Khalida Toumi, et le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, ont animé dimanche dernier, à la salle Frantz-Fanon – un nom hautement et fortement symbolique du panafricanisme – une conférence de presse où ils annonçaient le programme de la 2e édition du festival culturel panafricain d'Alger, qui se tiendra du 5 au 20 juillet prochain. Les deux ministres ont annoncé la participation de 44 pays qui ont confirmé leur participation, et que 8 000 personnes étaient attendues pour cette grande manifestation du continent, placée cette année sous le signe de la renaissance africaine, après le thème de la Libération, lors du 1er festival en 1969, en raison du contexte de l'époque marqué par les phénomènes de décolonisation. Et pour la renaissance de l'Afrique, plusieurs départements ont été installés et un programme riche et varié a été concocté. Le département littérature a été confié à Rachid Hadj-Naceur qui aura la lourde tâche de veiller à l'édition de 200 titres où des rééditions de grands auteurs africains et caribéens sont prévues. En outre, plusieurs festivals seront organisés, notamment le Festival international de la littérature de jeunesse et du roman qui sera abrité par l'esplanade de Riadh El-Feth (Oref), les Nuits de la poésie et du conte africains, Pleins feux sur la bande dessinée africaine qui se tiendra à la Safex (Pins Maritimes), ou encore un Symposium sur la littérature africaine. De son côté, le département cinéma sera géré par Abdelkrim Aït Oumeziane qui aura pour mission d'assurer le suivi de la production de 4 documentaires par des réalisateurs algériens et africains et la réalisation de 12 courts métrages signés de grands réalisateurs africains, ainsi que la production d'un documentaire sur cette 2e édition du Panaf. Pour cela, on parle de Rachid Bouchareb ou de Lakhdar Hamina. Un colloque autour du thème du cinéma en Afrique, une tournée des cinébus ainsi qu'une édition d'un annuaire du cinéma africain sont d'autres activités qui sont également prévues pour ce Festival. M'hammed Benguettaf, l'actuel directeur du Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi, se chargera de la partie théâtre. Sa mission est de superviser et de veiller à la production de 14 pièces théâtrales par le Théâtre national, les théâtres régionaux et les compagnies théâtrales du Sud. Un festival du théâtre africain est prévu. Par ailleurs, il y aura également diverses expositions, des colloques autour des arts visuels et du patrimoine immatériel. Quant à la musique, confiée à Farid Toualbi, elle se distinguera par un festival de Diwan et un autre de jazz, et des hommages seront rendus à la Mamma Africa, Myriam Makeba, qui nous a quittés en 2008. Le Festival prévoit aussi l'édition d'un coffret de musique du 1er Festival culturel panafricain de 1969. La grande particularité de cette édition, ce sont les résidences d'auteurs africains et de musiciens qui seront organisées. Louable initiative de la part des organisateurs qui privilégient donc le volet formation, déterminant et fondamental. Notons également que la cérémonie d'ouverture à la Coupole du complexe Mohamed-Boudiaf a été confiée au chorégraphe d'origine algérienne, Kamel Ouali ; quant à la partie musicale, c'est le compositeur, Farid Aouameur, qui s'en chargera. Le panafricanisme et cette volonté politique qu'a l'Algérie de s'ouvrir sur l'Afrique et de reconnaître son africanité, est intéressante et surtout légitime. D'ailleurs l'écrivain djiboutien, Abderrahman A. Waberi, nous a confié à ce propos : “Si on mettait un Malawite et un Algérien à la même table, en disant qu'est-ce que vous avez en commun, je suis sûr qu'ils se mettraient d'accord sur quelques noms au bout d'un moment : Frantz Fanon, Myriam Makeba, Bob Marley (même s'il est Jamaïcain), Boumediene, Rabah Madjer, Cheb Khaled, Youssou N'dour, Bourguiba... font partie de notre patrimoine populaire commun. Au minimum, on peut construire une culture populaire et c'est cela, le panafricanisme, ça commence par là. Essayons de faire au moins ça et finalement si on regarde, on trouvera d'autres points communs et à partir de là, on trouvera un langage commun et après un destin politique commun peut-être. Ça commence toujours par l'identification à l'autre.” Sara Kharfi