“Les expériences de la tripartite et de la bipartite s'avèrent positives puisqu'elles fournissent un cadre de dialogue et de concertation pour l'élaboration d'un consensus autour d'une démarche économique et sociale viable et équilibrée”, affirme le président de la République. Le président de la République s'est offert, hier, une tribune lors de l'ouverture de la 8e rencontre internationale des Conseils économiques et sociaux et institutions similaires, qui se tient au Palais des nations, en présence du gouvernement et des présidents de l'APN et du Sénat. Dans son allocution, il a plaidé pour “la définition d'un pacte social véritable et la matérialisation d'une chaîne de partenariats pour le développement et le raffermissement des tissus sociaux”. Bouteflika semble avoir redécouvert les vertus du dialogue social. Il estime que “les expériences de la tripartite et de la bipartite s'avèrent positives, puisqu'elles fournissent un cadre de dialogue et de concertation pour l'élaboration d'un consensus autour d'une démarche économique et sociale viable et équilibrée”. Il omet de dire que c'est lui qui a dépouillé la tripartite de ses prérogatives. Pour lui, la croissance n'est utile que si elle se traduit par la création d'emplois productifs et l'amélioration du pouvoir d'achat. “La création d'emplois et l'accroissement du pouvoir d'achat du citoyen, notamment les plus défavorisés, doivent être des éléments constitutifs de la croissance”, souligne-t-il, ajoutant que la création d'emplois, à travers des activités informelles non productives, est une perte en matière de développement. Pour rappel, dans son dernier rapport de conjoncture, le CNES note que le produit intérieur brut a enregistré un taux de croissance de 4,1% en 2002. Hors hydrocarbures et hors agriculture, le taux est de 5,2%. Cette croissance peut paraître appréciable au regard des cycles de croissance lente, molle et instable des années précédentes. Elle reste, néanmoins, insuffisante au regard des besoins économiques et sociaux pendant longtemps comprimés et des possibilités offertes par les excédents monétaires et financiers disponibles. Bouteflika affirme que “la santé, l'éducation, l'eau et le logement sont les quatre piliers de notre stratégie en faveur du développement durable”. À l'horizon 2010, soutient-il, les universités auront à accueillir un million d'étudiants, soit quasiment le double de l'effectif actuel. En outre, le déficit en eau atteindra 5 milliards de mètres cubes à l'horizon 2020. Celui du logement se situe à un niveau supérieur à un million d'unités. Du coup, Bouteflika parle de la nécessité “de viser une croissance économique de 7%, de maîtriser les données sur le chômage et de canaliser l'économie informelle vers l'activité de production”. Sidi Saïd, patron de l'UGTA, annonce la bipartite pour la première quinzaine de septembre. En réaction au discours du président de la République, le secrétaire général de la Centrale syndicale dira : “Si dialogue il y a, il doit s'exprimer sur le terrain.” L'UGTA élabore actuellement un document qu'elle nomme “Plan national pour le développement industriel et économique”, qu'elle remettra au gouvernement. Sidi Saïd à longuement loué les vertus du Conseil national économique et social, “même si certains n'aiment pas cette institution”, note-t-il ironiquement. M. R.