Après les tristes images du sommet extraordinaire de Doha et celui économique du Koweït, où la division avait pris le pas sur l'unité, les dirigeants des pays arabes veulent cette fois-ci donner une image d'unité et de défi en direction de la communauté internationale, avec la participation du président soudanais Omar Hassan El-Bechir. “La réconciliation interarabe figure en bonne place à l'ordre du jour du sommet”, a déclaré le vice-secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed ben Helli, pour donner une idée sur la bonne ambiance, qui règne avant ce rendez du 30 mars à Doha au Qatar. Les divisions internes seront apparemment laissées de côté, pour discuter sérieusement et présenter une image d'unité afin de reprendre l'initiative au Moyen-Orient face à la montée de la droite en Israël et à l'influence grandissante de l'Iran. La réconciliation, qui a été favorisée par le roi Abdallah d'Arabie Saoudite suite au deuxième mini-sommet avec l'Egypte et la Syrie organisé le 11 mars à Riyad, après celui du 19 janvier à Koweït en marge d'un sommet économique arabe, sera le maître-mot de cette rencontre. “La réconciliation syro-saoudienne a sans doute des implications positives”, a déclaré la semaine dernière le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem. Il avait pressé Israël d'accepter le plan de paix arabe, initié par le roi Abdallah d'Arabie Saoudite, qui lui offre, depuis 2002, une normalisation des relations diplomatiques en échange de son retrait des territoires occupés en 1967. Ce plan “est sur la table et sa réactivation nécessite son acceptation par Israël”, a dit M. Mouallem. Ce rapprochement entre Riyad et Damas permettra d'adoucir le ton à Doha, où les Arabes étaient divisés en deux camps. En effet, l'Arabie et l'Egypte soutenaient le président palestinien Mahmoud Abbas, alors que la Syrie, tout comme le Qatar, appuyaient les islamistes du Hamas. Il faut dire que la reprise des négociations entre le Hamas et le Fatah au Caire sur la formation d'un gouvernement d'entente nationale, a joué un rôle important dans cette accalmie, même si ce dialogue a été suspendu jusqu'au 1er avril, alors qu'il était conçu pour aboutir à des arrangements avant cette réunion au Qatar. Pour rappel, le souverain saoudien avait bien souligné que les querelles palestiniennes constituent “un danger plus sérieux pour notre juste cause que l'agression israélienne”. Ceci étant, les perspectives pourraient être compliquées par le retour au pouvoir en Israël du chef du Likoud, Benjamin Netanyahu, lequel est opposé à la création d'un Etat palestinien souverain dans les territoires occupés. Il ne faut pas oublier également l'ombre de l'Iran, pays chiite dont l'influence régionale est de plus en plus redoutée par les pays arabes, majoritairement sunnites, notamment l'Arabie Saoudite, qui planera inévitablement sur le sommet. Le fait marquant sera celui de la probable présence à ce sommet du président soudanais Omar el-Bechir, sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour. “Il a été invité”, affirment les organisateurs, et lui soutient qu'il sera présent, malgré les pressions exercées par l'Occident sur le Qatar. Merzak Tigrine