Défrayant une fois de plus la chronique, le leader libyen Mouammar El-Kadhafi, président en exercice de l'Union africaine (UA), n'a pas hésité à affirmer que la Cour pénale internationale n'était qu'“une nouvelle forme de terrorisme mondial”. Après avoir critiqué dans un premier temps la décision de la Cour pénale internationale d'émettre un mandat d'arrêt contre le chef de l'Etat soudanais Omar Hassan El-Bechir, le colonel Kadhafi est revenu à la charge hier à Addis-Abeba, où il devait assumer ses fonctions de président de l'Union africaine, pour qualifier la CPI de “nouvelle forme de terrorisme mondial”. À sa sortie d'une réunion avec les responsables de l'UA, il a déclaré à la presse : “Il est connu que tous les pays du tiers-monde s'opposent à cette soi-disant Cour pénale internationale. À moins que tout le monde y soit traité également, ça ne marchera pas.” Poursuivant son argumentation, il estimera que “c'est le cas maintenant. Cette cour est contre les pays qui ont été colonisés dans le passé et que les Occidentaux veulent recoloniser. Il s'agit de la pratique d'un nouveau terrorisme mondial”. Revenant par la suite sur le mandat d'arrêt émis contre El-Bechir, il soulignera : “Il n'est pas juste qu'un président soit arrêté”, car, selon lui, “si nous autorisons une telle chose, qu'un président soit arrêté et jugé, comme le président Bechir, nous devrions aussi juger ceux qui ont tué des centaines, des millions d'enfants en Irak et à Gaza”. Ces déclarations du colonel Kadhafi interviennent au lendemain de celles de son ministre des Affaires étrangères, lequel avait évoqué un possible retrait de la Cour pénale internationale (CPI) des Etats africains, estimant que le continent noir y souffrait de “discrimination”. En effet, Ali Triki, ministre libyen des Affaires de l'Union africaine, qui s'exprimait en marge d'une réunion du guide libyen Mouammar El-Kadhafi, qui préside actuellement l'UA avait déclaré : “Nous, les Africains, n'acceptons pas la CPI, ni le mandat d'arrêt contre le président (Omar el) Bechir, tout le monde a exprimé cela. Nous sommes victimes de discrimination sur ce problème.” “Si ça continue comme ça, cela va arriver, c'est sûr”, a également indiqué le diplomate libyen au sujet d'un possible retrait des pays africains signataires du Traité de Rome, qui régit la CPI. Dans le même ordre d'idées, Triki annoncera la convocation d'une réunion au siège de l'UA à Addis-Abeba, avec les principaux responsables de l'organisation continentale. Ceci étant, l'Union africaine a déjà à plusieurs reprises condamné la décision de la CPI, estimant qu'elle menaçait la paix au Soudan, tant au Darfour, qu'entre Khartoum et le Sud-Soudan. Des démarches ont été entamées par l'instance africaine auprès du Conseil de sécurité des Nations unies pour que la décision de la CPI soit suspendue, conformément à l'article 16 du statut de Rome qui régit le fonctionnement de la Cour. Ramtane Lamamra, commissaire de l'UA à la paix et la sécurité, avait affirmé : “Sur l'article 16, nous attendons juste que le sommet arabe de Doha prenne une décision et nous ferons mouvement ensemble, parce que en ce qui nous concerne, nous avons déjà la décision du sommet de l'UA de février.” Il indiquera également : “Nous sommes en train de mettre en place une délégation de haut niveau qui ira à New York pour tenter d'influencer le Conseil de sécurité de l'ONU.” Pour rappel, le sommet de l'UA à Addis-Abeba en février avait demandé la suspension des poursuites contre M. Bechir.