L'Algérie est-elle si déconnectée de l'économie mondiale qu'on considère que la rencontre du G20, qui s'ouvrira aujourd'hui et regroupant les chefs d'Etat des pays les plus industrialisés et des grands pays émergents, aura peu d'impact sur l'économie nationale et sur le quotidien de la majorité des citoyens ? Les évènements, qui se sont succédé au cours des six derniers mois, auront démontré le contraire. L'Algérie aura été touchée au moins par un canal diffuseur de la crise : les prix du pétrole qui sont pas passés de 147 dollars en juillet à 40 à 50 dollars durant le 1er semestre 2009, en raison des effets de la tempête financière reflétée particulièrement par la chute de la demande sur le brut, entraînant une baisse importante des recettes en devises du pays. L'enjeu pour l'Algérie reste, entre autres, fondamentalement la durée de la crise mondiale. Or, la reprise de l'économie mondiale semble attendue en 2011 et non pas fin 2010 en raison des hésitations à mettre en œuvre, et à un rythme beaucoup plus rapide, les plans de relance aux Etats-Unis et en Europe. Elle pourrait perdurer. Ce qui constitue un motif sérieux d'inquiétude. Bien que disposant de réserves en monnaie locale et d'un matelas de devises importants, correspondant à au moins à trois ans d'importations et de financements des investissements publics durant cette période selon les autorités du pays, l'Algérie pourrait renouer avec les difficultés budgétaires durant le prochain quinquennat, si la baisse d'activités enregistrée dans le monde se mue en une profonde dépression économique. Ce qui veut dire qu'il y aurait dans ce scénario moins de logements à construire et moins d'emplois à créer et peu de produits à placer à l'étranger. En un mot, on irait vers une dégradation de la situation économique et sociale du pays. On attend donc de la rencontre du G20 des mesures énergiques pour relancer la machine économique mondiale, applicables rapidement. En cas d'échec, le coup de pouce de l'Opep, assimilé à une action en faveur de la relance de la demande sur le pétrole à travers un soutien à la reprise de l'économie mondiale, n'aura pas servi à grand-chose. Un tel résultat enfoncerait davantage le monde dans la crise avec comme perspectives une prolongation des effets de la récession : aggravation du chômage, réduction du pouvoir d'achat et paupérisation accentuée du continent africain. K. Remouche