Les rues de la ville de Tizi Ouzou ont vibré, jeudi, au rythme de la contestation politique. L'appel à une marche populaire lancé par le FFS pour « dénoncer la spirale infernale des violences, des assassinats et des tueries » a rassemblé près de 3000 personnes. En appelant à cette manifestation, la fédération du FFS de Tizi Ouzou a voulu rendre hommage « au citoyen modeste, à l'éducateur, au militant engagé et à l'élu de la population, feu Aïssat Rabah », assassiné le 12 octobre dernier dans son village de Aïn Zaouïa. Dès les premières heures de la matinée, les manifestants ont commencé à se regrouper près du stade du 1er Novembre, lieu de départ de la marche. Quelques bus de certaines communes des wilayas limitrophes, telles Afir de Boumerdès, d'Ibane de Béjaïa, ont déversé les manifestants. Ces derniers, des jeunes et des vétérans du parti, ont rejoint, tôt le matin, le point de départ de la marche, annoncée pour démarrer à 10h, mais qui s'est ébranlée vers midi. Des banderoles reprenant les slogans du FFS des années 1990 ont été déployées. On peut y lire : « Où veut-on mener la Kabylie ? », « Jusqu'à quand la fin des assassinats politiques ? », « Plus de services de sécurité, plus d'insécurité ». En somme, les slogans du parti d'Aït Ahmed ont été criés tout au long de la marche. Mais, curieusement, aucun mot n'a été prononcé pour dénoncer le terrorisme islamiste et peu de mots ont été entendus dénonçant l'assassinat du président de l'APW, Rabah Aïssat. Les manifestants ont dénoncé « les généraux assassins », réclamé « une commission d'enquête internationale » et crié des slogans à la gloire du président du parti, Hocine Aït Ahmed. La marche, bien que non autorisée, a bénéficié de l'appui des servies de police qui ont dégagé son itinéraire. Des cadres nationaux du parti, tels Laskri, Tabbou, et d'autres figures connues, comme Djamel Zenati, Ahmed Djeddaï, ont pris part à la manifestation. Des militants du FFS de Ghardaïa, reconnaissables à leur tenue traditionnelle, ont également participé à la marche. Celle-ci, qui s'est déroulée dans un ordre impeccable, a abouti devant le siège de l'APW, où une prise de parole a été organisée. Rabah Brahimi, responsable de la fédération FFS de Tizi Ouzou, dira dans son allocution : « Nous sommes-là pour exprimer notre deuil, celui d'avoir perdu un militant engagé, un homme intelligent et sage. C'est également une journée d'espoir, celui de l'Algérie démocratique et souveraine. » L'orateur a indiqué que son parti a manifesté pour dire « aux semeurs de la peur et de la terreur (que) ni vos balles assassines, ni vos vrais barrages, ni vos faux barrages ne nous feront détourner de notre engagement en faveur de la démocratie ». Pour sa part, le premier secrétaire national, Ali Laskri, dira : « La marche d'aujourd'hui est organisée pour briser le silence et gagner des espaces d'expression. D'autres régions du pays devraient suivre cet exemple. C'est une marche contre le crime, l'omerta et la corruption. » Le responsable du FFS a renouvelé la position de son parti, en disant que le FFS demeure « une véritable alternative politique pour les Algériens ». Il a également dénoncé les massacres des Palestiniens par l'armée israélienne et accablé la presse privée algérienne « aux ordres ». Avec la marche de jeudi dernier, le FFS a inauguré un nouveau cycle de protestation populaire et un nouvel itinéraire pour les marches à Tizi Ouzou. Celui-là même qu'a emprunté le cortège funèbre de Rabah Aïssat.