Après de nombreuses expériences musicales au Cameroun, son pays d'origine, Roland Tchakounté découvre la musique de John Lee Hooker et rêve de devenir bluesman. Avec une musique propre à lui, il réussit à créer une parfaite harmonie entre ses racines africaines, puisqu'il chante en bamiléké (sa langue maternelle), et ses influences blues. Roland Tchakounté a trois albums à son actif : le dernier opus sorti en 2008 s'intitule Waka (qui signifie voyage). Son secret, ce sont les couleurs qu'il met dans sa musique et sa sensibilité à fleur de peau. Lui qui dit : “Pour connaître l'âme d'un homme ou d'un peuple, écoute l'émotion qui se dégage à travers sa musique.” Liberté : Vous revenez d'une tournée au Canada et vous débarquerez prochainement en Algérie pour la première fois pour un concert à Ibn Zeydoun. Appréhendez-vous le public algérois ? Roland Tchakounté : Je n'ai pas d'appréhensions particulières parce que je n'ai pas d'idée sur le public algérien ; mais je pense que ça va être un moment fort car je suis convaincu que les Algériens comprendront ma démarche musicale. En même temps, en France, j'ai beaucoup d'amis algériens et j'écoute également la musique algérienne, notamment celle de Khaled. Il y a également des Algériens ici en France qui sont de très bons bluesmen. Je suis donc serein. En plus, depuis tout petit, j'avais en moi le désir de visiter l'Algérie. J'avais entendu parler de ce pays, et surtout de ses très beaux paysages. J'ai tissé des amitiés avec beaucoup d'Algériens. Je viens cette fois-ci pour des raisons professionnelles, pour animer un concert, mais je reviendrai certainement à titre personnel. Quant au programme qu'on proposera au public algérien, il sera axé sur les morceaux du dernier album Waka, mais on jouera un ou deux morceaux des deux précédents albums. Vous avez trois albums à votre actif, le dernier, sorti en 2008, s'intitule Waka (voyage). Pourquoi ce titre ? Est-ce parce que vous proposez un voyage musical entre le blues et les musiques africaines traditionnelles ? Oui, c'est un peu ça. Ça implique et désigne également le fait d'aller vers l'inconnu, vers l'autre ; et puis surtout il y a des sonorités africaines traditionnelles. De plus, je chante en bamiléké, ma langue maternelle, ce qui signifie pour moi un clin d'œil à mes origines. En fait, j'ai créé mon propre style. Quant au mot voyage, c'est en quelque sorte le voyage vers l'autre pour le découvrir et s'enrichir. Et puis, j'ai également beaucoup voyagé : en voyageant, on apprend de très belles choses, et on peut s'adapter à tout. Parlez-nous brièvement de votre parcours, assez exceptionnel, dans la musique … Mon parcours, c'est le résumé et la somme de toutes mes expériences. En fait, lorsque j'étais en France, j'écoutais des musiques traditionnelles africaines, la musique anglo-saxonne et même la musique algérienne, notamment Khaled dont le premier succès international était une musique traditionnelle modernisée. Je suis ensuite parti au Mississipi, aux Etats-Unis, et j'ai appris beaucoup de choses. Il y a eu également l'influence de certains bluesmen, notamment John Lee Hooker ou encore Ali Farka Touré. Vous qualifiez votre musique de “mélodie sauvage”. Qu'entendez-vous par là ? En fait, ce que j'entends par mélodie sauvage, c'est que ma musique — et contrairement à la musique occidentale qui ne tolère aucune fausse note — n'est pas un produit très pur. Je démarre d'une mélodie toute simple, sur laquelle j'exprime mes sentiments et mes émotions, par différents sons. De plus, lorsque je fais des fausses notes par exemple, je les garde parce qu'elles donnent un son plus naturel. L'Algérie organisera cet été la 2e édition du Festival culturel panafricain. Seriez-vous présent ? Je suis demandeur. Si l'on me sollicite, si l'on m'invite, ce sera avec grand plaisir. S. K. * Roland Tchakounté animera un concert exceptionnel mercredi 15 avril à la salle Ibn Zeydoun (Oref). Prix du billet : 300 DA.