Lundi dernier, la salle de spectacles du Centre culturel français d'Alger, a ressuscité, le temps d'un récital, l'univers magique du grand compositeur hongrois Frantz Liszt — dont les œuvres magistrales sont interprétées partout dans le monde et par de grands virtuoses — qui a marqué, de par son talent, le monde de la musique classique… Le programme de cette soirée musicale était alléchant. Au menu : Sonnet de Pétrarque 104 (5') ; Funérailles (11') ; Bénédiction de Dieu dans la solitude (18') ; Après une lecture du Dante (17'). Et c'est le pianiste Nicolas Stavy qui l'a brillamment exécuté ! À rappeler que ce concert entre dans le cadre du programme Déclic, avec le soutien de Culturesfrance. Presque une heure durant, le public s'est délecté des notes qui se dégageaient du piano. Dès l'entame, avec la dextérité au bout des doigts du pianiste, et au fil des notes, une certaine magie s'installa, une osmose entre le musicien et le public présent prenait forme, une sorte de complicité tacite… Après ce prélude fort captivant, d'où ressortait le talent de l'interprète, Nicolas Stavy prit la parole non pas uniquement pour exprimer sa “joie d'être à Alger”, mais surtout pour expliquer le choix de ce programme. En fait, les œuvres de Liszt jouées ce soir-là, avait cette particularité de véhiculer une histoire, surtout Funérailles. Cette œuvre (qui date de 1849), comme son nom l'indique, est un double hommage du compositeur. Le premier est dédié à sa patrie, à savoir la Hongrie, et concerne les évènements de 1849 : “Kossuth proclame la déchéance des Habsbourg (maison qui régna sur le Saint Empire romain germanique, sur l'Autriche, sur l'Espagne et sur la Bohême et la Hongrie). Les insurgés sont défaits à Világos (août) par les Russes, appelés par François-Joseph 1er.” (in petit Larousse illustré, 1991). Quant au second hommage, c'est à Frédéric Chopin qu'il le dédie, mort la même année. Donc, c'est un double chagrin pour Liszt… Durant ce récital, “d'une perfection confondante” où chaque note, divinement exécutée, donnait cette impression que Nicolas Stavy faisait “chanter le piano”. Tout au long du récital, les connaisseurs et même les novices ont pu apprécier “l'adéquation du style” du pianiste avec l'œuvre de Frantz Liszt.