Si l'escale de l'émissaire spécial des Etats-Unis, George Mitchell, à Rabat, s'explique par le fait que le souverain chérifien n'est autre que le président du “comité al-Quds”, son arrivée à Alger hier trouverait son explication dans les excellents rapports de l'Algérie avec l'Autorité palestinienne et le Hamas, qui pourraient être très utiles pour le missionnaire américain. Contre toute attente, George Mitchell a débarqué, hier, dans la capitale algérienne dans le cadre de sa seconde tournée dans la région. Même s'il ne fait aucun doute que cette visite était programmée de longue date, parce que ce genre de déplacement ne s'improvise pas, il n'en demeure pas moins qu'elle intervient à un moment où notre pays vient à peine de sortir d'un scrutin présidentiel qui n'a pas laissé Washington de marbre. Ceci étant, il y a lieu de s'interroger sur les motifs de la venue de l'émissaire spécial américain pour le Proche-Orient en raison de l'absence de liens directs entre l'Algérie et le processus de paix israélo-palestinien. Généralement, ce sont les pays limitrophes, comme l'Egypte, la Jordanie ou l'Arabie Saoudite qui sont le plus consultés sur la question. Le Maroc est également concerné, pour le simple fait que le souverain alaouite préside le comité al-Quds, une instance qui relève de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), d'où l'escale de George Mitchell à Rabat, où il était arrivé lundi avant de rallier Alger hier. L'explication de ce séjour algérien se trouverait dans les excellentes relations qu'entretiennent les autorités algériennes avec les Palestiniens de manière générale. En effet, outre les rapports traditionnels avec l'Autorité palestinienne officielle et l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), l'Algérie possède aussi des liens étroits avec le Hamas, en témoignent les déplacements dans notre pays de son leader Khaled Mechaal. Il ne faut pas oublier, par ailleurs, que le parti FLN version Abdelaziz Belkhadem et le mouvement MSP d'Abou Djerra Soltani soutiennent fermement le Hamas palestinien. Ainsi, l'Algérie est l'un des rares pays arabes, qui ne se trouve pas dans une position fâcheuse vis-à-vis d'un des deux antagonistes palestiniens. En effet, la plupart des capitales arabes sont alignées soit sur l'Autorité palestinienne et le Fatah, soit sur le Hamas. Cette position algérienne pourrait intéresser fortement l'administration Obama, qui semble déterminée à concrétiser une paix au Proche-Orient sur la base de deux Etats, israélien et palestinien. Les Etats-Unis ne verraient pas d'un mauvais œil un coup de pouce algérien pour la réussite de leur entreprise proche-orientale. Il n'est pas exclu que les Américains sollicitent une médiation ou une assistance algérienne pour mieux cerner la question palestinienne et aboutir plus rapidement à un règlement de ce conflit, qui a transformé le Moyen-Orient en véritable poudrière. Une chose est sûre, en décidant de passer par Alger, George Mitchell s'attend sans nul doute à en tirer des enseignements utiles pour sa mission. C'est dire que cette visite est loin d'être fortuite. Merzak Tigrine