À l'initiative du département de français de la faculté des lettres et des arts de Mostaganem, l'écrivain Abdelkader Djemaï a animé, quatre jours durant, un atelier d'écriture intitulé “L'écriture, moyen et lieu de créativité”. Cet atelier constitue une première expérience, non seulement à l'échelle locale, mais au niveau de l'université algérienne en général. Ouvert aux étudiants du département, mais pas uniquement, le stage avait pour objectif cardinal l'amorce des premiers pas dans le domaine de la production de textes et de l'écriture littéraire, à partir d'exercices et de situations précises à développer. Au préalable des travaux, l'ancien journaliste a consacré toute une matinée à évoquer sa riche expérience d'écrivain et à répondre aux questions d'un auditoire particulièrement attentif et essentiellement composé d'étudiantes. “L'écriture est un perpétuel apprentissage et le don ne suffit pas à lui seul ! C'est un jeu à n'en plus finir avec des mots, des images et des expressions, qu'on malaxe pour échafauder des idées et construire des histoires”, expliquera-t-il en assimilant l'intellectuel au maçon artisan. “Pour écrire, il faut d'abord lire, lire et lire beaucoup ! Si je ne lis pas, ne serait-ce que cinq minutes, j'ai le pressentiment que ma journée a été perdue inutilement. La meilleure façon de rendre service à son pays, c'est d'écrire. Seulement, il ne faut pas se lancer, à sa première tentative, dans le roman. Avant d'entamer le marathon, il sera plus sage de commencer par le 100 mètres”, conseillera l'hôte de marque de l'université. Né un certain 16 novembre 1948 à Oran, Abdelkader Djemaï entame sa vie professionnelle en 1967, en qualité d'instituteur dans une école primaire. En 1970, il change de cap pour épouser au mieux sa vocation. Il investit le domaine de l'écriture par une longue carrière de journaliste. En 1986, il foule le champ littéraire par la publication chez l'Enal d'un premier roman, Saison de pierres, qui sera suivi, en 1989 et chez le même éditeur, par Mémoires de nègre. Peu de temps après, et à l'instar de nombreux autres intellectuels, il sera contraint à s'expatrier, en raison d'une décennie trop noire. “L'exil à 46 ans, c'est un arrachage douloureux”, révélera-t-il avec une pointe d'amertume. Installé à présent en France, Abdelkader Djemaï a à son actif une vingtaine d'ouvrages et il finalise actuellement un nouvel ouvrage consacré à l'émir Abdelkader. Un ouvrage à travers lequel l'écrivain présentera aux lycéens et collégiens français l'œuvre “civilisatrice” de la colonisation de l'Algérie, selon un point de vue algérien. Une contribution modeste de démontrer que l'entreprise n'avait rien de civilisatrice. M. O. T.