“Le harcèlement sexuel est omniprésent et reste impuni dans notre société, et ce malgré la loi. Cette situation est due au manque de preuves et de témoins.” Cette déclaration a été faite par Mme Marah, animatrice de la commission des discriminations contre les femmes, un comité instauré par la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH). Une déclaration faite à l'occasion d'une campagne de sensibilisation qui a eu lieu hier à 14h00, à la maison de la presse Tahar Djaout en collaboration avec le syndicat national des journalistes (SNJ). Cette manifestation a vu la projection d'un film “North Country” qui aborde le harcèlement sur les lieux de travail, suivi d'un débat dont l'objectif est de montrer les moyens de réduire de son ampleur. “Le harcèlement sexuel reste un sujet tabou. Les femmes n'osent toujours pas parler des agressions qu'elles subissent quotidiennement, particulièrement par leurs supérieurs et ce de honte qu'elles ne soient pointées du doigts”, selon Mme Marah. Ces victimes sont généralement considérées par leurs collègues comme des provocatrices et méritent ce qui leur arrive. Dans plusieurs cas, les harceleurs sont innocentés, " les témoins craignant de dire la vérité, de peur de perdre leur emploi". A ce sujet l'animatrice a ajouté : " nous avons envoyé une lettre au ministre de la justice pour la protection des témoins. Un cas offusquant a eu lieu lors d'un procès, où la victime a eu gain de cause et malgré cela, la personne qui a témoigné a été renvoyée de son travail ", a-t-elle encore affirmé. La loi sur le harcèlement est à double tranchant : d'une part, elle a permis aux femmes de briser le tabou et d'affronter le problème mais, d'autre part, cela reste minime. “On demande que le harcèlement soit prouvé et soit considéré en conséquence comme un délit. En effet, une secrétaire qui se retrouve sanctionnée, du jour au lendemain, sans aucun motif, par écrit, peut constituer une preuve flagrante”, a-t-elle indiqué. Toutefois, le harcèlement sexuel n'est pas observé seulement sur les lieux de travail. Les étudiantes sont aussi victimes des agressions par leurs professeurs. “Des professeurs exercent un chantage abominable qui consiste à faire accepter leurs avances contre une bonne note”, souligne l'animatrice. Cela dit, par manque de preuves, ce genre de pratiques n'a jamais été mis à jour ; ni dénoncé pour faire l'objet de poursuites. En somme, la loi contre le harcèlement sexuel ne donne pas encore de résultats probants, selon la commission des discriminations contre les femmes. Certes, un grand nombre de cas ont été dénoncés mais cela reste en deçà des attentes de plusieurs victimes. Il serait temps de “faire bouger les choses” en multipliant les actions de sensibilisation. Les animateurs du débat d'hier ont annoncé qu'ils s'y attelleront, tout en espérant bénéficier de l'apport des médias.