Le grand argentier du pays reste optimiste. L'Algérie dispose de capacités de financement du plan de relance doté d'une enveloppe de 150 milliards de dollars. Le ministre des Finances, M. Karim Djoudi, n'écarte pas en effet un risque de déséquilibre dans la balance des paiements du pays. M. Djoudi a considéré à Washington en marge des travaux de la réunion de printemps du FMI et de la Banque mondiale que la tendance baissière des cours mondiaux de certaines matières premières, notamment alimentaires et les mesures prises par les autorités publiques pour les activités de commerce extérieur ainsi que les flux de transfert de devises, devraient écarter le scénario d'une détérioration significative de nos réserves de change “et ce, malgré un risque de déséquilibre dans la balance des paiements”. Interrogé sur le risque d'un déficit dans la balance commerciale de l'Algérie, avec des revenus pétroliers de l'ordre de 40 milliards de dollars attendus en 2009 et une lourde facture d'importations qui s'était déjà approchée des 40 milliards de dollars durant l'année 2008, il affirme que la facture alimentaire a déjà enregistré une baisse au cours du 1er trimestre 2009, durant lequel les importations des biens alimentaires étaient à 1,65 milliard de dollars contre près de 2 milliards de dollars durant la même période de l'année 2008. Quant aux mesures prises en matière de contrôle des importations, M. Djoudi a cité l'instauration du nouvel identifiant fiscal des importateurs (NIF) qui permet d'assainir le fichier des importateurs et, donc, de réduire les sorties de devises, la décision d'arrêt des importations des médicaments qui sont fabriqués localement ainsi que la fiscalisation introduite sur le transfert des revenus et des dividendes de l'ordre de 15%. Pour transférer les revenus, a-t-il expliqué, l'investisseur devra préalablement avoir un quitus fiscal afin de vérifier s'il n'est pas en contentieux avec l'administration fiscale. Karim Djoudi a fait savoir aussi que lorsqu'un projet est investi en Algérie, les devises générées au titre des avantages accordés par l'Etat par ce projet “restent en Algérie”. En outre, l'instauration d'une balance devises excédentaire, durant la vie du projet, devra traduire une entrée nette en devises. À tout ce dispositif de régulation du commerce extérieur s'ajoute aussi l'obligation faite aux sociétés étrangères d'importation nouvellement créées de réserver 30% de leur capital à un partenaire algérien. Par ailleurs, le premier argentier du pays souligne que l'Algérie dispose des capacités de financement de son prochain programme de relance quinquennal (2010-2014) de 150 milliards de dollars, en dépit de la baisse des cours mondiaux de pétrole et de ses revenus pétroliers. “Nous avons en termes de viabilité de nos finances publiques et de viabilité de nos équilibres extérieurs, la possibilité de financements sur le moyen terme, c'est-à-dire jusqu'a 2014, et ce, tout en maintenant un niveau de réserves de change convenable et en annulant quasi totalement notre dette extérieure publique”, argue-t-il. Car, explique-t-il, les capacités de financement du pays “se composent non seulement des revenus pétroliers, mais aussi du fonds de régulation des recettes dont les ressources représentent 40% du PIB et de la mobilisation des financements sur le marché domestique lequel jouit de fortes liquidités”. Pour le ministre, les mesures prises pour amortir l'impact de la crise financière internationale auront permis de doter le pays des capacités de financer un autre programme d'investissements publics. À la question de l'impact de la baisse continue des rendements servis par le Trésor américain pour les titres de Trésor détenus par ses créanciers, dont l'Algérie à travers ses placements de réserves de change, M. Djoudi précise que “le choix délibéré de l'Algérie est d'éliminer le risque, et ce même avec une minimisation du rendement de ces titres de créances”. Pour le ministre des finances, “les réserves de change sont les joyaux de la République et nous n'avons pas le droit de prendre des risques sur ces réserves. Pour l'Algérie, l'enjeu est de préserver et sécuriser ses ressources en devises, même s'il y a une baisse de la rémunération, et de ne pas aller vers les actifs à risques”. Synthèse B. K.