“La corruption est un phénomène universel qui ne connaît ni frontières politiques, ni idéologiques, seules sa conception et ses expressions varient dans le temps et l'espace”, affirme Anasatassiya Zagaïnova, en partant de l'exemple de son pays le Kazakhstan. Les défis de la corruption dans les pays en transition, selon Anastassiya Zagaïnova Dans les démocraties avancées, la corruption est considérée comme une déviance et la bureaucratie est nettement séparée du pouvoir exécutif. Chez les pays en transition, à l'exemple de ceux qui appartenaient au bloc Est, la corruption est née de l'absence de la propriété privée, de l'économie de pénurie qui a engendré le clientélisme à tous les niveaux. Les exigences du Plan étant très strictes, elles concernaient tout le monde, à l'exception des entreprises qui pouvaient accéder aux produits en pénurie chronique. Il n'existait cependant pas d'échanges directs, mais des relations entre connaissances, du style renvoi d'ascenseur, “je vous rends service pour cette fois-ci en attendant que vous me rendiez service la prochaine fois que l'occasion se présentera”. Ces relations ont fondé l'état actuel du réseau de relations informelles, horizontal, le réseau vertical étant constitué d'intermédiaires et d'agents administratifs et politiques. Le pouvoir économique est déconcentré entre de nombreuses mains au sein d'un ministère. Dans son principe, la transition aurait dû encourager le changement, et on a cru que l'encouragement de la privatisation devrait supprimer cet état de choses. En fait, la privatisation a légalisé ces pratiques et les administrateurs qui géraient les entreprises publiques se sont transformés en gestionnaires privés : les mêmes personnes, les mêmes organisations avec leurs relations clientélistes se sont maintenues. La privatisation s'est transformée en prédation légalisée. Les oligarchies nées de la période post-soviétique se caractérisent par la concentration du capital économique et financier entre les mains de quelques personnes ; une dizaine de personnes en Russie. Les oligarques arrivent à manipuler les élections et les élus. L'exemple parfait de ce qui précède est la Russie d'Eltsine qui illustre l'Etat capturé.