Le système salarial en Algérie ne s'insère pas encore dans le cadre d'une véritable politique de développement des ressources humaines. Les salaires des travailleurs, du moins ceux indexés au Snmg, devraient augmenter en 2009. De combien ? Tout dépendra des arbitrages qui seront faits par le président de la République. Ce qui est certain, c'est que le Salaire national minimum garanti (Snmg), qui a doublé en une décennie, passant de 6 000 DA en 1999 à 12 000 DA en 2008, sera encore revu à la hausse lors de la prochaine réunion tripartite prévue dans le courant de cette année, selon les engagements du chef de l'Etat. “Nul doute que la prochaine réunion tripartite permettra, au cours de cette année, de faire évoluer encore ce salaire de référence”, avait promis le président Bouteflika, lors d'un discours prononcé sur la base pétrolière d'Arzew, à Oran, à l'occasion de la double célébration de la journée du 24 Février dernier. Le secrétaire national de l'Union nationale des travailleurs algériens (UGTA) chargé de l'information, M. Abdelkader Malki, avait affirmé mercredi que l'UGTA planchera, lors d'une réunion prévue normalement demain, sur la définition des questions à soumettre aux prochaines réunions avec le gouvernement et le patronat, notamment celle concernant l'amélioration du pouvoir d'achat des travailleurs. M. Malki a précisé que le Snmg qui ne dépasse pas les 12 000 dinars est le “plus bas” par rapport à celui en vigueur dans les pays voisins, ajoutant qu' “il y aura sans doute une augmentation des salaires des travailleurs” et que l'Union aspire à un seuil minimum de “15 000 dinars”. Mais pour bon nombre de syndicalistes, l'augmentation du Snmg, sans l'abrogation de l'article 87 bis, ne sera qu'un coup d'épée dans l'eau. Les coûts financiers qui découleraient de la suppression de cet article 87 bis sont importants, et c'est ce qui explique la réticence du gouvernement à céder sur ce point. Le secteur économique ne sera pas touché par cette revalorisation du Snmg, sauf les travailleurs percevant un salaire inférieur au Snmg. Beaucoup d'entreprises publiques, financièrement déficitaires, n'arrivent toujours pas à appliquer les dernières mesures décidées par la précédente tripartite. Tous les observateurs mettent en exergue le gouffre de plus en plus profond entre salaires et prix et la nécessité d'y remédier. L'ancien grand argentier du pays, Abdelatif Benachenhou, lors d'une rencontre, a indiqué qu'à “quelques exceptions près”, l'Algérie “est un pays incontestablement caractérisé par une pauvreté salariale, c'est-à-dire la faiblesse du pouvoir d'achat du monde des salariés”. Au cours des dernières années, l'évolution des revenus en Algérie fait ressortir que la masse salariale dans la formation des revenus des ménages a perdu de l'importance au profit des entrepreneurs individuels. Le salariat n'est plus la norme en Algérie. Et parce que le salariat n'est plus la norme et que les autres revenus autres que salariaux se développent très vite, les salariés vivent une situation de pauvreté salariale. L'Algérien a connu au cours des vingt dernières années un bouleversement profond de son modèle de consommation. Avec l'envolée des prix de beaucoup de produits de consommation, viennent se greffer l'apparition de nouveaux produits, de nouveaux services, l'extension de l'accès à différents types de facilités et l'apparition d'un phénomène qui n'est pas négligeable, celui du crédit à la consommation et de l'endettement des ménages. Pour le patronat, même si pour le principe, ils sont favorables à l'augmentation des salaires, parce que l'amélioration du pouvoir d'achat se traduit par une hausse du niveau de la demande de biens et de services, ce qui pourrait, naturellement, stimuler la croissance économique et l'emploi dans notre pays si certaines conditions sont par ailleurs remplies, il considère la question de productivité comme déterminante. C'est pourquoi, sa conviction est que l'Algérie doit maintenant s'inscrire fondamentalement dans une problématique de partage des gains de productivité et s'engager résolument à sortir de celle du partage de la rente pétrolière. “C'est dire combien il est important de s'interroger sur la relation prix-salaires et productivité et surtout sur la manière la plus saine et la plus efficiente de préparer dans les faits l'instauration d'une telle relation afin d'assurer une croissance et un développement durables à notre pays”, souligne-t-on. Meziane Rabhi