Il est plus qu'urgent de sensibiliser les gestionnaires des hôpitaux à investir davantage dans l'hygiène, dans la finalité de réduire le pourcentage des risques infectieux. Sur 100 personnes hospitalisées dans des structures sanitaires en Algérie, 14 contractent une infection nosocomiale. La statistique du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a été rappelée par le Dr Nafaâ Timsiline, directeur général de Nosoclean, organisme spécialisé dans la lutte antibactérienne par des solutions et des produits de désinfection, lors d'un séminaire sur l'hygiène hospitalière tenu hier à l'hôtel Sheraton. Des professionnels de la santé situent, pour leur part, la prévalence des infections nosocomiales en Algérie au seuil de 20%. Le Dr Timsiline a ajouté que les services de réanimation, davantage que tous les autres services, enregistrent un taux record d'infections nosocomiales. Justement, le Dr Hamlaoui, chef de service de réapédiatrique au CHU de Hussein-Dey, a donné les résultats d'une étude sur le phénomène, menée du 1er janvier au 31 décembre 2008. Il a indiqué que sur 489 enfants admis dans le service, dont des nouveau-nés, 43 ont contracté une infection nosocomiale. Neuf ont évolué en choc septique, qui a causé le décès de 7 d'entre eux. Généralement, le matériel médical mal désinfecté et une insuffisante hygiène des mains des personnels médical et paramédical sont à incriminer. Alain Guey, ingénieur en chef des hôpitaux, génie hospitalier et biomédical, a souligné que les instruments médicaux et les mains sont à l'origine de 70% des infections, qui apparaissent au cours ou à la suite d'une hospitalisation, alors que l'air n'est responsable que de 1% des cas confirmés. Dans son intervention, le Dr Timsiline a cité l'exemple de l'endoscope, comme source probante de contamination, notamment à cause d'une désinfection inadaptée. “Le risque infectieux lié à l'usage d'endoscope ne doit pas être négligé, même s'il reste faible”. En marge des travaux du séminaire, il a développé, de manière plus générale, la problématique en mettant à l'index le poids financier induit par la prise en charge des personnes contaminées en milieu hospitalier. Le traitement d'une infection nosocomiale coûterait 800 000 DA, selon le directeur général de Nosoclean. D'où la nécessité, de son point de vue, de sensibiliser les gestionnaires des hôpitaux à investir davantage dans l'hygiène, dont la finalité est de réduire le pourcentage des risques infectieux de moitié, uniquement par la propreté des mains. Il a précisé que l'objectif de la rencontre n'était pas “de donner des chiffres, mais de partager des expériences”. À ce titre, deux spécialistes français dans la gestion des risques infectieux — le Dr Bruno Grandbastien de CHRU de Lille et Alain Guey — ont été invités à livrer leurs propres expériences en la matière. Le Dr Atif, médecin épidémiologiste au CHU de Blida, a exposé une expérience de stérilisation totale d'un service de néonatologie jusqu'à parvenir au risque zéro de pneumonie nosocomiale. Ses assertions ont laissé quelque peu perplexes les participants au séminaire en ce sens que “des hôpitaux sans infections nosocomiales relève de l'utopie”. Les praticiens de la santé visent plutôt à réduire au maximum le nombre de personnes contaminées. Souhila H.