La problématique de la contamination des hémophiles par le virus du sida (HIV) ou l'hépatite C est toujours d'actualité. Le comité d'Alger de l'Association algérienne des hémophiles (AAH) a organisé, hier, une conférence de presse au centre culturel Debih-Chérif. Ce fut l'occasion d'interpeller le ministère de la Santé afin d'indemniser les malades et leur assurer une prise en charge. “Notre plus grand problème est que la question de la contamination des hémophiles reste un tabou”, a fait savoir Benyaklif Noureddine, vice-président du comité. Il y a lieu de souligner que la contamination par le HIV s'est produite en 1984 via des produits dérivés sanguins importés de France. 20% des malades avaient été atteints du virus et les 2/3 en sont morts. L'association demande au ministère de la Santé de procéder à une enquête. Mais jusqu'à l'heure, rien n'est fait. Actuellement, la prise en charge des hémophiles algériens pose de nombreuses difficultés dont le plan du recensement des malades, la disponibilité des médicaments, l'absence des lieux de prise en charge en dehors de celui de Bouzaréah et les grands centres hospitaliers, ainsi que le manque de formation du personnel médical. Pour le président du comité d'Alger, M. Idir Eguederzene, il est plus que temps que les malades bénéficient des services “d'un centre médical spécialisé pour la prise en charge de la maladie et que cette structure soit autonome sur tous les plans, financier et administratif”. Car, selon lui, pour qu'un malade accède aux soins, “cela relève du parcours du combattant”. Les responsables de l'association dénoncent le manque de traitement en assurant que “si un malade fait une chute, il doit recevoir sa dose du facteur huit dans les 20 minutes qui suivent, mais chez nous, il doit attendre 20 heures, si toutefois le traitement est disponible. Dans certains cas, les malades sont victimes d'une forte hémorragie due à un choc violent ou à une chute, cela peut mener à de graves conséquences comme le handicap ou la mort immédiate”. L'hémophilie est une maladie qui empêche la coagulation sanguine. La plus répandue dans le monde, elle touche essentiellement les garçons. C'est une maladie chronique et invalidante qui touche les bébés à la naissance : 1 bébé sur 10 000 est atteint. L'hémophilie se manifeste par des hémorragies suite à un traumatisme. L'Algérie compte 1 500 hémophiles dont 650 sont dans un état critique. Il est à noter que 75% des malades sont des jeunes. M. Eguederzene assure que “le centre de Bouzaréah ne répond qu'à 30% des besoins des malades et il n'est ouvert que durant la journée. Pour y remédier, une étude portant sur un projet de création d'un centre spécialisé en hémophilie et possédant tous les moyens humains et matériels a été envoyée à la tutelle, mais jusqu'à l'heure aucune réponse”. Le projet a pour objectif la tenue d'un registre national de l'hémophilie, la formation du personnel soignant, la création d'un réseau de centres et de points d'accueil des malades. Le projet insiste aussi sur d'autres droits tels que la prévention de la contamination, la disponibilité des médicaments, les soins et l'information, le plus important étant de considérer les hémophiles comme des personnes “normales” en les intégrant dans la vie sociale et professionnelle et permettre aux enfants atteints une scolarisation ordinaire.