L'avocate a retracé la genèse de l'affaire et récusé notamment les dernières déclarations du consul général de France à Alger. MeFatma Benbraham, l'avocate de la famille Belhoucine qui continue de réclamer la petite Sophie, est revenue à la charge, hier, à l'occasion d'un forum organisé au siège du journal El Moudjahid, à Alger, sur cette affaire. L'avocate a notamment récusé les derniers propos du consul général de France à Alger. “Le consul général a déclaré à la presse que le test ADN a été fait seulement dans le but de confirmer l'identité de la fille. Or, tout le monde savait que c'était elle”, a déclaré Me Benbraham. Et d'exhiber des documents attestant de l'identité de la fillette. “Une prise d'empreinte avait été réalisée sur Sophie et Y. M. pour prouver la filiation et, bien sûr, ces empreintes concordent. Si Scharbook est le père biologique, pourquoi ne fait-il pas un test ADN pour le prouver ?”, s'est-elle interrogée. Me Benbraham, munie des codes pénaux algérien et français, a dévoilé aux journalistes présents les dessous de toute l'affaire avec des documents à l'appui, afin de révéler ce qu'elle a appelé “les mensonges” de Scharbook. Au sujet du “prétendu acte de mariage” de Scharbook avec Khadidja, la loi française stipule que “tout acte de l'état civil des Français en pays étranger n'est valable que s'il a été reçu, conformément aux lois françaises, par les agents diplomatiques ou par les commissaires des relations commerciales de la République”. Me Benbraham souligne que “le visa délivré par le consul de France était au nom de Mme Belhoucine. Cela signifie qu'il n'y a pas eu de mariage en Algérie”. Sur ce point, l'avocat associé de Me Benbraham a précisé qu'“un mariage entre une musulmane et un chrétien n'est pas valable en Algérie”. S'agissant du certificat de la Fatiha de Scharbook avec Khadidja, établi par un imam à Oran, il n'est aucunement valable, a-t-il soutenu. “Aucun détail n'est donné sur les témoins et, de surcroît, une femme enceinte n'a pas le droit de se marier dans la loi islamique”, a-t-il ajouté. Il estime, par conséquent, que la justice a commis “une erreur” en remettant l'enfant au Français. “C'est cette erreur qui a conféré à cette affaire de telles proportions. Seuls les documents présentés par Scharbook ont été pris en considération”, a-t-il dénoncé. En fait, Y. M. et Khadidja, mariés officiellement en 1999, vont divorcer aussi officiellement, donc par voie de justice, en 2001, a fait savoir l'avocate. Les deux ex-époux vont néanmoins reprendre leur vie commune sans annuler l'acte de divorce, trois mois après. Mais ils vont encore se séparer une seconde fois. Khadidja était alors enceinte de 6 mois et c'est à ce moment-là qu'elle a fait la connaissance de M. Scharbook. C'est cette seconde union scellée par la seule Fatiha, et donc sans acte de mariage, que le Français récuse en affirmant qu'à cette date, il était déjà lié à Khadidja, rapporte encore l'avocate. Ce qui est faux, selon Me Benbraham, qui s'est également étalée sur les conditions “illégales” de l'inscription de Sophie sur le registre de l'état civil. Elle juge que l'acte de naissance a été “falsifié” car le document a été établi sans témoin tandis que la loi française exige “la présence de deux témoins et que l'enfant soit déclaré par le père ou, à défaut, par le médecin, la sage-femme, l'officier de santé ou toute autre personne qui aura assisté à l'accouchement”. Sur l'acte de naissance de Sophie figure le nom d'un seul témoin et le pire est qu'elle a été déclarée par la sœur de Scharbook. Me Benbraham a clamé haut et fort que “cette affaire ne concerne pas les deux états, mais seulement un père et sa fille, les deux Etats n'ont donc rien à voir dans cette histoire”. L'avocate a fait ces déclarations après la projection d'un film documentaire sur cette affaire, réalisé par la chaîne satellitaire Al-Arabiya en 2008, comme se prépare à le faire également la chaîne MBC, a-t-on appris hier. Me Benbraham a, à cette occasion, abordé la situation des femmes maghrébines en Europe à la lumière de la Résolution 1293, décrétée par le Conseil européen en 2002. Hana Menasria