Amor Tahri, directeur adjoint au Fonds, qui a animé hier une conférence de presse à Alger, a souligné que la croissance hors hydrocarbures en Algérie sera en recul et que le budget de l'Etat accusera un déficit en 2009. La région Moyen-Orient Afrique du Nord devrait connaître un ralentissement de la croissance de 5,7% en 2008 à 2,6% en 2009. C'est du moins ce qui ressort des dernières perspectives économiques régionales pour le Maghreb et le Moyen-Orient exposées, hier à l'hôtel El-Aurassi (Alger) par M. Amor Tahri, directeur adjoint du département Moyen-Orient et Asie centrale du Fonds monétaire international (FMI). M. Tahri précise que le ralentissement de la croissance dans les pays producteurs de pétrole, comme l'Algérie résulte notamment de la contraction des exportations de pétrole et de gaz. Le FMI prévoit, pour l'Algérie, une croissance globale de 2,1% en 2009, contre 3% en 2008. Le Fonds projette 3,9% de croissance en 2010. Hors hydrocarbures, la croissance serait de 5,7% en 2009 et 5,1 en 2010, contre 6,1% en 2008. M. Tahri explique que l'escalade des cours du pétrole jusqu'à une période récente tenait à la forte demande des pays émergents et à la lente réaction de l'offre. En raison du ralentissement de la croissance mondiale, les prix sont désormais en net repli. Cependant, le FMI parle d'une “hausse modérée” des cours du brut en 2010, même si M. Tahri estime “qu'il est impossible de prévoir le niveau des prix”. Ce qui est certain, l'excédent du solde des transactions courantes des pays exportateurs de pétrole devrait diminuer sensiblement en raison de la baisse des cours de pétrole. “Pour les pays pétroliers, les excédents budgétaires devraient disparaitre”, prédit M. Tahri. “Les cours pétroliers plus bas et le niveau élevé des dépenses pourraient causer le revirement de la situation extérieure des Pays exportateurs de pétrole d'un excédent considérable de 400 milliards de dollars l'année dernière à un déficit collectif chiffré à près de 10 milliards de dollars pour 2009 si les cours pétroliers se maintiennent à leurs niveaux actuels”, a-t-il ajouté. Concernant l'Algérie, le FMI prévoit un déficit de la balance du compte courant d'environ 2,2 milliards de dollars. En effet le FMI projette 43 milliards de dollars d'exportations de biens et services contre 47,3 milliards de dollars d'importations en 2009. Pour rappel l'Algérie, toujours selon les statistiques du FMI, a importé pour 47,7 milliards de dollars et a exporté pour 82,6 milliards de dollars en 2008. En raison de la baisse de la demande et des prix du pétrole, les exportations algériennes chuteront quasiment de moitié. Le seul point positif, qui peut être signalé, c'est que l'inflation qui a grimpé en 2008 dans la plupart des pays de la région, notamment chez les exportateurs du pétrole, est désormais en repli. “L'inflation reste la plus faible au Maghreb”, relève M. Tahri. L'Algérie affiche un taux de 4,5% en 2008, qui pourrait légèrement augmenter en 2009 pour atteindre 4,6% pour ensuite atterrir à environ 3,4%. “Le chômage risque de s'intensifier”, avertit M. Tahri, soulignant la nécessité d'accélérer la création d'emplois pour ne pas aggraver les taux de chômage, qui restent très élevés chez les jeunes. “Un taux de croissance de 2 à 3 % n'est pas suffisant pour réduire le chômage”, affirme le responsable du FMI. La conjoncture mondiale pourrait fort bien se stabiliser durant les mois à venir, mais il ne faut pas sous-estimer les risques d'une récession mondiale persistante, d'une détérioration plus forte du bilan des institutions financières dans certains pays et d'une réduction plus prononcée du financement extérieur. Le rapport sur les perspectives régionales contient quatre messages principaux quant aux actions à engager. Premièrement, les pays dont le niveau d'endettement public n'est pas préoccupant, comme c'est le cas de l'Algérie, gagneraient à maintenir les dépenses publiques, voire à les renforcer. Deuxièmement, pendant cette période de ralentissement de l'activité et d'incertitude, il y a lieu de surveiller les systèmes bancaires et, le cas échéant, de réaliser des “tests de résistance” afin de déterminer les besoins en recapitalisation, ou de mettre en œuvre d'autres mesures pour assainir les institutions financières en difficulté. Troisièmement, à mesure que s'apaiseront les tensions inflationnistes, certains pays disposeront d'une marge pour relâcher davantage leur politique monétaire. Enfin, alors que le chômage augmente et que les envois de fonds des travailleurs émigrés diminuent, les gouvernements auront d'autant plus intérêt à cibler leurs ressources et leur action sur les couches de population les plus pauvres et les plus vulnérables des pays touchés par la crise. M. Tahri affirme que la Banque d'Algérie à “bien gérer les réserves de change”. Parce qu'elles sont importantes, le responsable du FMI propose à l'Algérie d'acheter “des titres” que cette institution compte émettre avec des taux d'intérêt plus intéressants que ceux des bons de Trésor. M. R.