Hier, vers 10h, des dizaines de jeunes commerçants informels protagonistes des violentes émeutes ayant ébranlé le centre-ville dimanche passé accaparaient “timidement”, et avec beaucoup d'appréhension, le nouvel espace que l'autorité locale s'est décidée à leur céder. Un espace constitué de la ruelle située dans le prolongement de la rue de Lyon au dos du marché de l'ex-place Thiers. Intégrant chaussée, désormais fermée aux véhicules, et trottoirs, 56 petits carreaux y ont été marqués. À peine une vingtaine étaient “réquisitionnés” qui, par une table de fortune, qui par un ballot d'effets vestimentaires non déballés, par leurs attributaires. Au brouhaha d'habitude assourdissant, à la clientèle en surnombre et à l'ambiance fraîche et ombragée sous et aux alentours du pont Dallas, se sont substitués un soleil de plomb, des acheteurs potentiels rares et une exiguïté asphyxiante de l'espace concédé à chacun. “Venez par là, 200 dinars la robe !'' ose s'égosiller, sans grande conviction, un adolescent. “Là où on vous mettra, nous vous suivrons !” réconforte une dame d'un certain âge, à l'adresse des revendeurs clairsemés à travers la ruelle longue d'une cinquantaine de mètres. Au sein des groupuscules, que les commerçants anciennement établis scrutaient de loin, avec réticence et grande appréhension, les commentaires allaient bon train. “On dit qu'elle va partir incessamment au mois de juin. Son règne a trop duré. Qu'on la nomme ailleurs, wali ou même ministre. Pourvu qu'on nous en débarrasse !”, spécule, avec une pointe de véhémence, un “émeutier” à propos de Mme le wali, accusée de léthargie, de bureaucratie et de statu quo paralysant. “Elle sait pertinemment qu'aucun jeune ne daigne la sentir à Mostaganem”, lui réplique le camarade du trottoir d'en face. “À qui vont être attribués les locaux commerciaux construits ?” enchaîne le troisième avant qu'un autre camarade, dérangé par le soleil franc, détourne l'angle d'attaque en suggérant qu'il va falloir demander à l'APC de surélever le muret qui les sépare de l'oued Aïn Sefra, d'une cloison de panneaux à même de procurer au site ombre et fraîcheur. De bon marché, de prix à portée des démunis, d'ustensiles à la douzaine et d'embarras dans le choix, il n'était guère question en ce souk informel qui s'installe. Pas plus formels que leur souk, au lieu de registres du commerce, les commerçants “transférés” y activeront en vertu d'un “droit de place”. 80 autorisations ont été délivrées par l'APC dans ce cadre. Un droit et un souk qui leur ont valu pas moins de 32 arrestations parmi les “leurs”. Déférés lundi passé devant le procureur de la République près le tribunal de Mostaganem, deux prévenus ont été écroués, sept ont été placés sous contrôle judiciaire, alors que le reste sera convoqué à comparaître en citation directe, leur procès devant avoir lieu samedi ou lundi prochain au tribunal correctionnel.