Liberté : Depuis combien de temps la Bourse de Casablanca existe-t-elle ? Karim Hajji : Elle a été fondée en 1929, et les transactions se déroulaient à “la corbeille”, jusqu'en 1997 où la cotation est devenue électronique. Institution étatique jusqu'en 1995 où elle a été privatisée au bénéfice d'actionnaires détenant des parts égales d'une société de Bourse. En 1993, au total 44 sociétés étaient cotées à la Bourse de Casablanca, ce chiffre est passé à 76 en 2009. Quel est le niveau de capitalisation boursière ? Il s'élève à 540 milliards de dirhams, soit environ 60 mds de $. Les transactions quotidiennes s'élevaient à 850 millions de dirhams en 2008, l'équivalent de 100 millions de $. Quel a été l'impact de la crise financière mondiale sur la Bourse que vous dirigez ? Je vous donne quelques indices de référence : en 2006 l'indice boursier a crû de +70%, en 2007, son accroissement n'était plus que de +34%, alors qu'en 2008 il a chuté de -13,5%. À titre de comparaison, la Bourse de Dubaï a chuté de -60% et celle du Caire de -50%. Comment fonctionne la Bourse de Casablanca, les garde-fous, les risques… ? Trois sections représentent les trois quarts de la capitalisation boursière de la Bourse de Casablanca : les télécoms, la finance et l'immobilier. Les institutions destinées à protéger la Bourse sont au nombre de 2 : Il y a d'abord le CDVM (Conseil de déontologie des valeurs mobilières), indépendant des pouvoirs publics et des sociétés privées. Son DG est nommé par Dahir (décret royal), alors que le DG de la Bourse est nommé par le Conseil d'administration de la Bourse. La mission du CDVM est de sécuriser les investissements boursiers. Vient en second lieu le dépositaire central “Maroclear” qui a la responsabilité de livrer les titres dématérialisés (électroniques) contre paiement. Quel est l'intérêt économique réel d'une bourse au Maroc ? La Bourse de Casablanca est une plateforme intéressante pour le financement de l'économie marocaine et même maghrébine, puisque sa capitalisation actuelle est de 65 mds de $ en moyenne. On pourrait même envisager un système de double cotation d'entreprises algériennes (ou maghrébines en général) à Casa et dans d'autres bourses maghrébines. De plus il serait intéressant d'imaginer la création d'un fonds d'investissement destiné à financer les grands travaux structurants intermaghrébins, ce genre de projets et de chantiers étant trop coûteux pour un pays qui devrait y faire face tout seul. D. Z.