C'est dans des circonstances extrêmement douloureuses que la commune de Oued El-Abtal est sortie de l'anonymat en occupant le devant de la scène sur le plan national à la suite de l'affaire relative au décès de 7 nourrissons, victimes d'une opération de vaccination effectuée par les agents des services sanitaires exerçant au niveau de cette localité. Cet évènement avait suscité une vive réaction de la population qui s'est traduite par des émeutes et l'incendie de toutes les infrastructures qui symbolisaient l'Etat. Même si les faits remontent au 22 décembre 2001, la plaie n'est toujours pas cicatrisée et il suffit d'aborder le sujet avec un parent de l'une des victimes pour que le chapitre soit débité en long et en large. Et comme dans cette commune presque toutes les familles sont rattachées par des liens du sang ou par le mariage aucune issue pour contourner l'évocation de ces évènements ne vous est offerte, car ils se sentent tous concernés. L'émotion est d'autant plus forte car s'agissant de nourrissons à qui on a ôté la vie à la naissance. Certes, le secteur de la santé a assumé ses responsabilités puisque l'erreur humaine a été reconnue et établie par des différentes enquêtes diligentées à cette époque et qui ont abouti à l'indemnisation des parents des victimes, mais aucune compensation ne peut remplacer la perte d'un être humain. Située à l'extrême nord-est du territoire de la wilaya de Mascara, la localité de Oued El-Abtal demeure l'une des plus anciennes et des plus importantes communes du département, un statut qui lui a permis d'être élevée au rang de daïra. Néanmoins, si l'étape administrative a été opérée en douceur, la transition quant à elle n'est toujours pas franchie puisque la commune reste un village typiquement rural en dépit des efforts consentis par les pouvoirs publics qui ont accordé aux élus locaux un grand nombre de projets susceptibles de favoriser le développement de la région. À vocation agro-pastorale, la commune de Oued El Abtal, anciennement Uzès-le-Duc, puis Fartassa, appellation encore d'actualité pour les anciennes figures, se trouve à 52 km du chef-lieu de la wilaya de Mascara, une distance qui la sépare également de Tiaret, un concours de circonstance qui est offert aux résidents afin d'opter pour l'une ou l'autre ville pour effectuer leurs transactions commerciales. Au cours de la décennie noire, la fréquentation de cette zone était déconseillée car elle était constamment le théâtre d'actes de violence perpétrés par les terroristes qui sévissaient, favorisés par la proximité de l'immense forêt de Timixi qui leur servait de refuge, et de nombreuses victimes toute profession et tout statut social confondus sont recensées. Maintenant que ce triste épisode est définitivement clos avec le retour de la sécurité, tous les regards sont tournés vers l'avenir avec pour objectif immédiat d'exploiter toutes les opportunités pour tirer un trait sur le passé et relancer le développement de la région afin de hisser la commune au même niveau que ses consœurs qui présentent les mêmes aspects, et, dans ce contexte, force est de reconnaître que Oued El Abtal accuse un retard considérable sur tous les plans. Implantée en contrebas d'une chaîne de montagnes, la commune se caractérise par un hiver rigoureux et un été très chaud, des conditions atmosphériques auxquelles est adaptée la population qui est estimée à 23 000 âmes loin de toute inquiétude. En l'absence de débouchés, le problème du chômage domine car les rares postes administratifs ou spécifiques disponibles sont occupés par quelques privilégiés dont une grande partie n'est pas originaire de la commune. La majorité des résidents vit essentiellement du travail de la terre et de l'élevage, des activités qui sont transmises de génération en génération. À l'instar des grandes agglomérations de la région, Oued El Abtal a considérablement développé son tissu urbain par des extensions dans tous les sens. En effet, tous les espaces et autres aires ont été exploités pour permettre la construction de nouvelles infrastructures socio-éducatives à intérêt général ou bien morcelés et cédés aux citoyens pour la réalisation de nouvelles habitations, des opérations massives qui se sont traduites par la création de nouveaux quartiers avec pour effet immédiat l'atténuation du problème du logement. Et, comme toujours en pareilles circonstances ce n'est qu'une fois après l'occupation des lieux que les citoyens relèvent avec désolation l'absence des opérations liées à la viabilisation des sites ayant trait au bitumage voies d'accès, éclairage public, alimentation en eau potable, assainissement ainsi qu' au raccordement au gaz de ville, et formulent par conséquent leurs revendications aux élus locaux, lesquels ne peuvent réserver une suite favorable à leurs doléances faute de ressources car la commune est l'une des plus pauvres de la wilaya. De tous les secteurs d'activité, l'enseignement est le mieux ancré dans la commune avec la disponibilité des établissements des 3 paliers permettant à tous les enfants en âge d'être scolarisés y compris ceux des douars les plus reculés de poursuivre leurs études jusqu'à leur admission à l'université. Le secteur de la santé focalise l'attention de toute la population, même si quelques réserves sont émises quant à la prestation des services. Dans le but de développer les activités médicales dans cette commune, les autorités de la wilaya ont envisagé dans un premier temps la réalisation d'une nouvelle polyclinique. Dans ce contexte, toutes les formalités administratives règlementaires relatives aux études, au choix du terrain, au lancement de l'avis d'appel d'offres, aux soumissions, à l'ouverture des plis et à la retenue de l'entreprise détentrice du marché ont été effectuées. Néanmoins, lors de sa visite d'inspection et de travail effectuée dans cette commune en date du 11 mai 2009, le wali de Mascara, en concertation avec les responsables du secteur et des techniciens, a décidé de convertir cette polyclinique en un mini-hôpital de 60 lits. Outre ces projets d'envergure, la commune a bénéficié de l'ouverture d'une antenne de la Cnas, de la réfection des chemins de wilaya reliant le chef-lieu aux douars les plus denses, de la réalisation de forages pour alimenter près de 300 familles qui résident dans des zones rurales et de la construction de locaux professionnels destinés aux jeunes. A. Benmechta