Les trois études présentées hier à l'hôtel Hilton par le Forum des chefs d'entreprise devant un parterre composé de chefs d'entreprise et d'experts ont commencé à susciter un débat intéressant sur l'avenir de l'entreprise nationale confrontée à l'ouverture de l'économie, à l'informel et à un marché de la distribution perturbé. Le débat autour des trois études réalisées par Ecotechnics qui a été animé par M. Brahim Benabdeslam, directeur général du MDI-Alger, a rassemblé un panel composé, d'un dirigeant d'une entreprise privée, du directeur général de l'Office national des statistiques, d'un responsable au ministère du Commerce et du président du FCE. Le président du FCE, M. Réda Hamiani, a reconnu au début de l'ouverture de la rencontre qu' « il aurait fallu être prudent car le succès des efforts entrepris pour consacrer dans les faits la libéralisation du commerce extérieur était tributaire de la réussite des programmes de restructuration et de mise à niveau de notre appareil de production et de notre système de distribution ». Toutefois, il a estimé qu' « il est encore temps, qu'il est même urgent pour notre pays de s'atteler à perfectionner ses instruments juridiques et institutionnels ainsi que les mécanismes de régulation et de contrôle qui nous permettraient, dans le respect de nos engagements internationaux, de remettre de l'ordre dans notre marché ». En fait, les entreprises nationales privées ou publiques vivent une véritable tragédie vu qu'elles sont soumises à une concurrence pour laquelle elles ne se sont pas préparées. Et sur un autre plan, comme il est fait mention dans l'étude, « la baisse de la protection du marché s'accompagne d'une croissance considérable des importations de marchandises » et « le déclin de la production du secteur public industriel s'accentue ». « Celle du secteur privé suit la même évolution. » Selon l'étude, le déclin est dû en très grande partie à la concurrence déloyale illustrée par la part prise par le marché informel et celle accaparée par les importations. Cette offre serait caractérisée par un prix très bas des produits, résultat de la dissimulation au niveau des douanes, des impôts et de la sécurité sociale du maximum de la matière soumise à prélèvement et de l'importation de produits contrefaits ou ne respectant pas les normes. Très fouillées, les études abordent les différents aspects de l'ouverture commerciale considérée comme un processus non maîtrisé du secteur informel et du secteur commercial. Le débat entamé a fait réagir aussi bien les représentants du ministère du Commerce que ceux des Douanes. Mais en réalité, malgré les efforts, il faut bien reconnaître que l'administration ne joue pas efficacement le rôle de régulateur pour protéger le producteur et le consommateur. Le directeur général de Michelin Algérie, JY Caux, a été le plus concis dans son intervention. Illustrant son point de vue par l'expérience qu'il a vécue en Russie durant six ans, il a estimé que parmi les mesures qui pourraient permettre de rectifier le tir il y a celle de réduire les taux des impôts et taxes sur les chiffres d'affaires, de réduire les droits de douanes sur les matières premières. En un mot, il a proposé de donner moins d'avantages aux importateurs et donner plus d'avantages aux producteurs locaux et surtout ceux qui exportent. Ce qui est sûr, c'est que le débat sur le sauvetage des entreprises productives est lancé. Par ailleurs et selon les études réalisées, le secteur informel occupe une population de 1,78 million de personnes sur une population totale occupée de 8,25 millions de personnes. 35 % de l'emploi non agricole total n'est pas déclaré à la sécurité sociale ainsi que 15 % de l'emploi formel. Les domaines les plus investis sont le bâtiment avec 34 % de l'emploi informel, le commerce (20 %) et le transport (6 %). Les revenus issus du secteur informel totaliseraient 17 % de l'ensemble des revenus primaires nets des ménages. Ils se situeraient entre 300 et 600 milliards de dinars. Les pertes pour les organismes de sécurité sociale seraient de 42 milliards de dinars pour l'IRG et 120 milliards de dinars pour les prélèvements de sécurité sociale. Pour la TVA, la perte serait de 22 milliards de dinars.