Le président socialiste du Venezuela, Hugo Chavez, acculé par la baisse des prix du pétrole, principale ressource du pays, a donné un coup d'accélérateur à l'étatisation de l'économie, en nationalisant cinq entreprises sidérurgiques et une grande banque. Le chef de file de la gauche antilibérale en Amérique latine amplifie ainsi la politique de nationalisation des industries stratégiques entamée en 2007, avec le secteur pétrolier, les télécommunications et l'électricité. Une nouvelle vague en 2008 avait concerné la sidérurgie, la cimenterie et les banques. La dernière impulsion a été donnée, début mai, avec l'adoption par le Parlement d'une loi octroyant à l'Etat le contrôle de différentes activités et services liés au secteur des hydrocarbures. Depuis, le gouvernement de ce pays riche en ressources pétrolières a exproprié au moins 76 entreprises dans ce secteur. “Nous sommes en train de libérer la patrie, de construire le socialisme avec les travailleurs. Ces entreprises appartiennent désormais au peuple”, a déclaré Hugo Chavez, il y a deux semaines après les premières expropriations. Jeudi soir, il a annoncé la reprise en main par l'Etat de cinq entreprises sidérurgiques, en partie détenues par des capitaux étrangers (argentins, mexicains, italiens, les japonais Kobe Steel et Mitsui, ou le britannico-australien BHP Billiton), affaiblies par la chute des cours internationaux et confrontées à des conflits sociaux. “Il faut lutter contre les mafias, la mauvaise gestion, les comportements déviants, les vices (...) qui sont encore d'actualité et représentent une menace pour la révolution socialiste”, a déclaré M. Chavez pour justifier leur nationalisation. Ramon Gomez, secrétaire d'un syndicat du secteur (CVG), regrette cependant que le président vénézuélien n'ait mentionné que les entreprises manufacturières, alors que les industries de base de la métallurgie concentrent la majorité des problèmes, selon lui. “Il a contourné le problème. C'est une décision du parti socialiste prise sans concertation avec les syndicalistes qui ont des idées divergentes”, déplore-t-il. Pour Asdrubal Oliveros, du cabinet Econalitica, la dernière vague de nationalisations a un double objectif “idéologique et économique”. “Chavez ne renonce pas à son projet socialiste, mais il invente une forme très personnelle de faire face à ses dettes. Il nationalise, parce qu'il n'y a plus de ressources. C'est une manière de se soustraire de manière temporaire voire définitive à ses engagements financiers”, estime l'analyste.