Les habitants de l'ex-Dix, qui ont dressé des barricades sur les artères principales de la ville jeudi soir, dénoncent l'opacité de l'opération et l'exiguïté des logements proposés par l'administration. La tentative de reloger les familles sinistrées de la commune de Réghaïa, terriblement touchée par le violent séisme du 21 mai dernier, a échoué et a failli dégénérer, n'était-ce l'intervention de certaines personnes sages et du service d'ordre. L'opération de relogement des familles ou plus exactement des membres restants des habitants du bâtiment “10” de Réghaïa, car la majorité a péri sous les décombres, n'a pas eu lieu. La faute incombe, selon les sinistrés, aux responsables dépêchés pour superviser et organiser l'opération. Il était 18h30 quand les premiers responsables de la wilaya sont arrivés sur le site dudit bâtiment, où ils étaient assiégés par les concernés par le “déménagement”, leur demandant la destination vers laquelle ils seront acheminés, même si au matin il leur a été signifié que des immeubles leurs sont réservés à Dar El-Beïda. “Je ne sais pas. Je ne peux vous le dire”, s'est contenté de dire un responsable de la wilaya d'Alger, qui attendait avec impatience l'arrivée des bus et des camions. Cette réponse laconique n'a pas laissé indifférents les sinistrés qui voulaient à tout prix connaître le lieu de leur nouvelle demeure. Pis, certains jeunes très affectés par la perte des membres de leurs familles ont considéré cette réponse comme du mépris et une insulte. “Nous ne sommes pas du bétail et on a le droit de savoir où est-ce qu'on va”, ont lancé plusieurs personnes alors que tout le monde n'a pas cru les propos du responsable. Ce mépris envers les 100 familles ou leurs membres devant êtres relogés a fait naître une réaction violente que les jeunes n'ont pas tardé à manifester, notamment avec l'arrivée des bus devant assurer leur transport vers une destination inconnue. Chéraga, Dély-Ibrahim, Ouled Fayet et Tassala El-Merdja sont toutes des localités qui revenaient à la bouche de ces citoyens qui ne comprenaient pas le mutisme des autorité concernées. Invitée à prendre place dans les bus vers… l'inconnu, la population a refusé catégoriquement en demandant de plus amples informations. En vain, car les concernés qui attendaient de plus hauts responsables gardaient le silence et attendaient de voir calmer les esprits. Mais c'est tout à fait le contraire qui s'est passé surtout avec l'arrivée du wali-délégué dont les propos n'ont rien changé à la situation et l'ambiance électrique qui régnait devant le site des familles sinistrées de la cité Soummam (ex-Mafal) et le commissariat de la Sûreté nationale. Même en annonçant les lieux de destination, le wali-délégué a failli être pris à partie par les jeunes qui lui demandaient pourquoi ce changement de destination. La délégation chargée de visiter les sites réservés à ces familles est revenue très tard dans la soirée déçue et révoltée. “Ce sont des F3 et mêmes des F2 avec des toilettes collectives”, a lancé un des délégués en direction de ses voisins qui n'ont pas tardé à prendre d'assaut les artères de la ville pour bloquer la circulation. Il était près de minuit quand les premières barricades ont été érigées dans la rue principale de la ville. Des sachets d'ordures ménagères, des cartons ont été placés sur la route alors que des pneus commençaient à brûler. “Cette manière est la meilleure réponse à la houkouma”, criait un jeune en direction de certains policiers présents et qui ont évité toute intervention. Il a fallu l'intervention de personnes plus âgées pour que les jeunes se calment et que la ville retrouve son calme, même si les sinistrés ont promis une célébration spéciale du 5 Juillet. Cependant, “ce dont ont été victimes les familles du bâtiment “10” n'a pas laissé indifférents ceux du bt 5 dont les membres se sont réunis pour débattre de leur avenir”. Après un long débat et une prise de parole, il a été décidé, notamment, de solliciter les autorités pour leur proposer de leur construire un immeuble sur le site même où sont implantées les tentes, “cette plate-forme réservée pour un espace vert a failli être squattée par de gros bonnets et c'est grâce à notre action qu'elle a été épargnée par le béton”, témoignait un ancien moudjahid, chef de famille, du bt 5. Ces chefs de famille ont accepté un relogement temporaire dans des centres de transit (chalets), même pour une plus longue durée, à condition d'avoir des garanties écrites pour la construction sur les lieux d'un immeuble pouvant contenir les 40 familles sinistrées. En attendant, des actions seront menées en direction des autorités pour faire entendre leurs doléances. Une lettre ouverte au président de la République sur les conditions difficiles dans lesquelles vivent ces familles sous des tentes de camping est sur le point d'être envoyée à la presse pour publication. M. A.