Ils n'ont pas perçu leurs salaires depuis onze mois et ils s'opposent à toute tentative de vente, de location ou de dissolution de leur entité industrielle avant le règlement du litige des arriérés de salaires. La tumultueuse affaire des salaires impayés des travailleurs de l'ex-Sofem de Mila qui continue à défrayer la chronique depuis plus de deux ans, sans susciter d'intérêt, a fini par atterrir sur le bureau du Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Après avoir frappé à toutes les portes, dont celle de la SGP (Société de gestion des participations) d'Annaba, les 180 employés de la CHS (Ceramic House Solution) dénomination de l'ex-Sofem de Mila depuis le 24 avril 2007, date de sa reprise par l'industriel portugais Sofalsa, en appellent au Premier ministre, demandant son intervention afin de les rétablir dans leur droit légitime. En effet, dans une requête adressée samedi dernier, au Premier ministre, accompagnée d'une importante documentation retraçant la genèse du bras de fer qui les oppose au repreneur ibérique de l'usine, les concernés révèlent qu'“ils n'ont pas perçu leurs salaires depuis pratiquement 11 mois et qu'ils s'opposent à toute tentative de vente, de location ou de dissolution de leur entité industrielle avant le règlement du litige des arriérés de salaires les opposant à leur employeur européen. D'ailleurs, celui-ci, non seulement il continue de tourner le dos aux revendications de ses employés algériens, mais il fait également peu de cas des appels lancés à son adresse par la partie cédante de l'usine, la SGP de Annaba en l'occurrence”. En effet, selon les termes de la requête citée plus haut (une copie en notre possession), le propriétaire portugais de la CHS se fait désormais représenter par des actionnaires de sa société aux réunions que provoque la SGP, comme cela a été le cas pour celle tenue à Alger, en date du 24 mai courant, dont l'ordre du jour, faut-il le souligner, était de trouver des solutions aux problèmes qui retardent la finalisation de l'opération de cession de l'unité industrielle en question. Ses défections répétitives aux réunions et le non-respect de ses engagements contractuels ont fini par semer le doute sur les véritables intentions de cet investisseur à tel point que l'avocat de la SGP, M. T. Belarif, menace, dans une lettre adressée au concerné en date du 13 mai dernier, de recommander à sa cliente (la SGP, ndlr) de procéder à la résiliation du contrat de cession conclu entre les deux parties en date du 24 avril 2007. Bref, la cession au capital étranger de l'ex-Sofem de Mila, un fleuron de l'industrie céramique du pays, n'aurait pas été bien réfléchie, estiment les travailleurs de l'unité, dans la mesure où elle a causé plus de torts qu'elle n'a apporté d'avantages. Et couper injustement les ressources de vie à près de 200 ménages est de loin le plus dur des torts que cette transaction ait occasionnés.