Les salaires des cadres dans les sociétés privées sont beaucoup plus élevés, surtout dans les sociétés étrangères. “L'écart aujourd'hui entre les hauts et bas salaires s'est considérablement élargi. Une large part de la population même au niveau des classes moyennes est exclue de la consommation de certains biens, notamment l'immobilier (logement). Les salaires dans l'administration et les entreprises publiques restent faibles même pour la très haute administration (services du gouvernement, ministères…), observe un expert algérien. Ce n'est pas un salaire minimum de 15 000 DA ou 18 000 DA qui va bouleverser les choses. Il suffit d'effectuer un zoom sur les hauts salaires, on sera plus éclairé sur le phénomène de clochardisation de la majorité de la population, voire des inégalités en matière de revenus dans le pays. Dans le secteur privé, il faut distinguer entre les salaires des sociétés privées locales et ceux des sociétés étrangères implantées en Algérie. Pour le privé national, les cadres à fort potentiel, les ingénieurs à forte valeur ajoutée, ceux qui ont des postes de directeur sont très bien payés, en moyenne entre 100 000 et 500 000 DA par mois. Les patrons des sociétés privées locales peuvent toucher en moyenne 100 millions de centimes par mois. Dans le secteur privé étranger, les salaires sont deux à trois fois supérieurs à ceux du secteur public pour les cadres algériens exerçant dans ces entreprises. On exclut ici le secteur pétrolier, les banques et les télécoms où les salaires sont plus élevés. Ce n'est pas terminé, on accorde dans les sociétés étrangères aux salariés en plus de la rémunération fixe des bonus de fin d'année. Ces bonus représentent 2 à 5 fois le salaire mensuel. Ces cadres algériens exerçant dans les sociétés étrangères sont de plus en plus jeunes. Ils travaillent en couple et sont en train de créer un segment de classe moyenne qui vit très bien et qui peut accéder facilement à l'immobilier, aux véhicules… Dans le secteur public, le salaire peut ne pas refléter le revenu exact du “travailleur VIP (personne très importante)”. Il y a un certain nombre d'avantages annexes qui ne sont pas toujours transparents. Les privilèges des VIP - Mise à disposition de voitures avec chauffeur pour madame : 100 000 DA par voiture. - Location de villas ou de logements de service prise en charge par l'entreprise ou l'administration : entre 200 000 DA et 500 000 DA par mois au prix du marché. - Téléphone portable y compris pour les épouses sans contrôle des consommations. - Missions à l'étranger quelquefois de complaisance avec perception de frais de mission. - Participation à des conseils d'administration à l'étranger qui donnent lieu au versement de jetons de présence et de remboursements de billets d'avion en devises. Ça peut représenter d'énormes sommes en devises. “Il est connu sur la place d'Alger que certains responsables de banques publiques touchent à l'étranger 100 000 euros nets d'impôt”, confie la même source Les expatriés, les plus hauts salaires en Algérie Par ailleurs, un haut cadre dirigeant d'une entreprise étrangère installée en Algérie peut toucher entre 200 000 et 300 000 euros par an. Généralement, quand ces expatriés viennent en Algérie, ils discutent sur une base de rémunération pas très transparente, notamment vis-à-vis du fisc algérien. Ils doublent leur salaire par rapport à leur pays d'origine du fait que l'Algérie est considérée comme un pays difficile, voire avec un problème sécuritaire. Ces salaires sont à comparer avec celui d'un président d'APC qui touche 16 000 DA par mois, un douanier à moins de 20 000 DA par mois. Ces salaires de misère ouvrent la voie à toutes les dérives : corruption, bureaucratie... et un sport presque national, une faible productivité dans le public.