Le phénomène des harragas s'est accentué depuis deux ans d'une manière effrayante à partir de la façade maritime de l'extrême nord-est du pays où chaque jour des dizaines de jeunes se jettent à la mer à bord d'embarcations de fortune. Pour eux, l'essentiel étant de partir pour l'Europe. Pas plus tard que dimanche en fin de journée, deux nouveaux groupes d'émigrants clandestins, soit une cinquantaine de jeunes entassés à bord de deux embarcations de fortune, ont été arrêtés tout près des côtes italiennes, signale-t-on à la station des gardes-côtes de Annaba. La première embarcation à bord de laquelle se trouvaient les 27 candidats à l'émigration clandestine, dont 8 sont originaires de Annaba, 19 de Skikda, qui a pris le départ le même jour à 2h30 à partir de la plage d'échouage de Sidi-Salem, a été interceptée par les éléments de l'unité 335 de la garde maritime à environ 60 miles marins au nord du cap de garde de Ras El-Hamra de Annaba. La seconde embarcation, qui a pris le départ le même jour et du même site à 21h30, a été, par contre, interceptée par les gardes-côtes italiens, au moment où les émigrants mettaient les pieds sur la terre ferme. Les membres de ce groupe au nombre de 23 candidats, dont deux jeunes filles d'origine bônoise et un mineur, ont été restitués aux gardes-côtes algériens dimanche à 16h30 à quelque 15 miles de l'île de la Sardaigne. Ils devraient, à l'issue des visites médicales prises en charge par un médecin de la Protection civile dépêché au port de Annaba, être présentés en fin de journée d'hier au procureur de la République. Aujourd'hui, la situation inquiète au plus haut point les autorités locales. En effet, la saignée engendrée par le phénomène des harragas a trouvé, ces jours-ci, son régime de croisière à partir du littoral englobant les wilayas de Annaba et d'El-Tarf, alors que l'été où les conditions de navigation sont souvent favorables est encore loin. Les départs de clandestins, venus de différentes villes du pays, se multiplient depuis quelques semaines à partir de cette façade maritime. Ce rush mettant en cause des personnes, dont l'âge varie entre 17 et 37 ans, n'est toutefois pas surprenant pour les habitants de cette ville puisque la rumeur locale annonçait son imminence dès le début de juillet prochain. Ainsi, en l'espace de moins d'une semaine seulement, les gardes-côtes, qui sont en alerte H24, ont réussi à faire avorter plusieurs tentatives d'émigration clandestine, avec en prime, l'arrestation de pas moins d'une centaine de harragas, dont des jeunes filles et des jeunes mineurs. Alors que le taux des candidats à l'émigration clandestine arrêtés depuis le mois de mai dernier a dépassé les 200. Cela sans compter ceux qui ont réussi à déjouer la vigilance des gardes-côtes et à rejoindre l'autre rive de la Méditerranée. Selon des affirmations des jeunes de différents quartiers de la Coquette, l'on avance le chiffre de plus de 500 jeunes qui ont réussi sans faille la traversée de la Grande bleue.