Les travaux de la 14e réunion du groupe africain de l'union internationale des magistrats ont commencé, hier, à la Cour suprême pour une durée de deux jours, avec en marge un débat sur la relation entre médias et justice. Comment concilier la liberté d'expression du journaliste et le secret de l'instruction sans porter atteinte aux droits et à la vie privée des citoyens ? La rencontre, annonce le président du syndicat national des magistrats, M. Djamel Aïdouni, se soldera par une série de recommandations rationalisant les rapports entre la presse et la justice. La justice veut s'ouvrir aux médias, mais ne sait pas comment. “Va-t-on vers la création d'une instance qui s'occupera de la diffusion des informations ou vers l'amendement de la loi qui pénalise toute fuite concernant un dossier de justice ? À l'issue des débats, on sera plus édifiés”, soutient M. Aïdouni. Il précise que des magistrats algériens ont été formés aux USA dans le domaine et que le secteur souhaite en parallèle un meilleur encadrement et une spécialisation des journalistes. “La relation entre la justice et les médias est un sujet d'actualité qui ne doit pas demeurer tabou”, dit-il. Pour l'instant, tout incite les deux parties à se méfier l'une de l'autre. Les magistrats dénoncent volontiers les approximations de la presse et celle-ci à son tour se plaint de la fermeture du secteur et reste à l'affût de toute bavure ou dysfonctionnement judiciaire. “Entre la justice et la presse, il y a une relation complémentaire. Tous les deux sont à la recherche de la vérité. En étudiant cette problématique, je suis sûr que nous arriverons à un résultat dans le sens où chacun va mieux comprendre la mission de l'autre dans le respect de la procédure judiciaire et la préservation des intérêts des justiciables”, déclare pour sa part le ministre de la justice, Tayeb Belaïz, qui revient à l'occasion sur le bilan de la réforme de son secteur. Selon lui, le nombre de magistrats, qui était de l'ordre de 2 500 en 1999, a connu une hausse de l'ordre de 50%, la durée de la formation est passée de 2 à 3 ans et a subi diverses révisions de programmes. Les magistrats ont également bénéficié de multiples stages de perfectionnement en Algérie et à l'étranger. Le ministre qualifie les “résultats de la réforme de probants et concrets”, en témoigne “la maîtrise qu'ont acquise les magistrats dans le traitement des différents conflits et les dossiers liés à la lutte contre la criminalité sous ses différentes formes”. La présidente du groupe africain de l'union internationale des magistrats pense, quant à elle, que “l'indépendance du pouvoir judiciaire n'est pas un luxe, mais une garantie pour les citoyens. C'est pour cette raison que nous devions conjuguer nos efforts pour que la justice ne soit pas le parent pauvre du développement”. Elle consent à dire que la procédure pénale doit à un moment se mettre à l'abri du regard sans pour autant porter atteinte à la liberté de la presse. “Je souhaite que la relation entre la presse et la justice soit plus paisible à l'avenir”, conclut-elle. N. H.