Liberté : Quel état des lieux faites-vous de la situation socioéconomique de la région de Kabylie ? M. Djamel Ferdjellah : La Kabylie offre un spectacle affligeant de dysfonctionnement quasi généralisé qui témoigne de l'absence de perspectives et de stratégie de développement à tous les niveaux. Cette situation endémique est aggravée par la persistance de la crise que vit la Kabylie depuis deux ans sans que les responsables en charge de l'état aient montré une volonté politique de résoudre cette crise. Selon vous, quels sont les secteurs les plus affectés par cette crise ? Le paysage socioéconomique aligne des insuffisances dans pratiquement tous les secteurs ; particulièrement les plus sensibles, à savoir l'emploi, le logement, l'industrie, l'urbanisme, l'hygiène et les voies de communication. N'empêche qu'en dépit de cette situation délétère peu propice à l'investissement, il se trouve des opérateurs économiques qui ont prouvé par leur courage que la performance est possible et que l'esprit d'entreprise existe. Peut-on avoir une évaluation des entreprises performantes dont dispose la région ? La wilaya de Béjaïa, à elle seule, présente un réseau de PME/PMI qui est de loin le plus élevé du pays avec 2 010 entreprises, selon les statistiques du Cread, alors que la moyenne nationale est de 700. Une dizaine d'entreprises locales s'est imposée comme un fleuron de l'industrie nationale, parmi elles trois ont fait l'effort de la remise à niveau de tous leurs instruments de gestion adaptés aux normes internationales. Tandis que le port de Béjaïa, le plus performant d'Afrique, a bénéficié de la certification de la norme ISO 9002. Après un tel constat, comment voyez-vous la redynamisation de l'économie régionale ? En dépit des inconvénients qui grèvent substantiellement son développement, la Kabylie dispose d'énormes potentialités naturelles, humaines et matérielles susceptibles de réamorcer la relance économique. En terme de potentiel humain, la Kabylie enregistre un savoir-faire lié à l'expérience héritée de l'émigration. Ses infrastructures de base sont immenses, une façade maritime de 200 km, la performance du port et de l'aéroport de Béjaïa qui peuvent être portés à un niveau élevé de performance pour peu que les universités de Tizi Ouzou et de Béjaïa jouent le rôle de pôle de rayonnement scientifique et culturel. C'est autour de ces atouts que doit s'organiser la dynamique économique qui doit brasser les domaines aussi larges, tels que l'industrie, l'agriculture, l'habitat, le tourisme, le développement socioculturel et les métiers de service dont il faut exploiter les gisements. La position de la Kabylie est cruciale, eu égard à sa situation géostratégique privilégiée qui lui permet de postuler au statut de carrefour le plus fréquenté du monde industriel, des affaires, des médias, des arts et de la culture. K. O.