Avant-hier soir, le public très nombreux de la salle Ibn-Zeydoun a eu droit à une soirée court métrage intitulée “L'Afrique vue par…” L'idée a été de faire appel à 10 grosses pointures du continent, et leur demander de produire des courts métrages qui expriment leur Afrique. Le résultat est à la fois magique et magistral. “L'Afrique vue par…” est un projet cinématographique original. L'idée est de proposer à des grands noms du cinéma africain de réaliser un court métrage et de filmer son Afrique. En effet, l'Afrique est un continent si vaste et si méconnu par ses populations qu'il est toujours intéressant de partir en mission d'exploration : l'Afrique des esclaves, l'Afrique de la colonisation, l'Afrique de l'Apartheid, l'Afrique des conflits internes, l'Afrique et le Nord, L'Afrique et ses séquelles, etc. Et le voyage a commencé lundi dernier par le court métrage Telegraph to the sky du réalisateur sud-africain Teddy Mattera. Le film traite des séquelles du régime de l'Apartheid, et de la difficulté de dépasser ses craintes et son passé, pour aller de l'avant et vivre dans son époque. De son côté, le réalisateur franco-algérien Rachid Bouchareb s'est intéressé dans Exhibitions Zoo humain, aux origines du colonialisme en Afrique, et la manière avec laquelle le colon traitait “les indigènes”. Le cinéaste se penche sur un passé occulté par le colonisateur, et pourtant si dévastateur puisqu'il est à l'origine du racisme dans le continent. Bonjour d'Afrique est le 3e court métrage qui a été proposé par le réalisateur angolais Zézé Gombao. Dans celui-ci, le réalisateur filme la société angolaise avec humour et légèreté, mais son propos est très profond, puisqu'il pose un regard critique sur le rapport de l'Afrique à la modernité, et ce, à travers l'histoire d'un Angolais, qui cherche tout simplement à arriver à l'heure à son travail. Le cinéaste burkinabé Gaston Kaboré a pris part à ce projet avec le court métrage 2 000 générations d'Africains. Comme son titre l'indique, le film s'intéresse à 2 000 ans d'histoire d'un continent qui bouge et qui respire ; en perpétuelle évolution, les Africains ont un rapport particulier à la trace et à la terre. Pour sa part, le grand cinéaste congolais Balufu Bakupa-Kanyinda nous a proposé de rêver et de renouer avec l'innocence avec le court métrage Nous aussi nous avons marché sur la lune, qui raconte l'histoire d'un artiste rêveur qui n'aspire qu'à une seule chose dans la vie : marcher sur la lune. L'empreinte de tous les temps de la Guinéenne Flora Gomes traite de l'importance de l'origine, de l'identité et des racines. L'illustre cinéaste guinéen Mama Keita a participé à ce projet avec le court métrage One more vote for Obama. Le film n'a rien à voir avec le président américain ou son parcours ; il s'intéresse à la vie d'un Africain qui vit à New York et qui participe au grand marathon de la ville. Cependant, le rapport entre ce jeune Africain et Barack Obama réside dans leur rage de vaincre ainsi que leur envie de réussir malgré les difficultés et les obstacles. Un combat partagé notamment par des millions de jeunes dans le continent. Coquillage est un court métrage bouleversant du réalisateur mozambicain Sol Calvaho, qui traite des enfants soldats. Le cinéaste tunisien Nouri Bouzid a également fait partie du projet avec Errance, qui se penche sur la question du nomadisme à travers l'histoire d'un nomade qui voyage de pays en pays, emporté par une envie d'enseigner son savoir et sa sagesse. Une femme fâchée du cinéaste mauritanien Abderrahmane Sissako traite de communication. Tous les courts métrages sont scénarisés et aucun d'eux n'appartient au genre expérimental. Ce qui est évident, c'est que les cinéastes africains ont encore besoin de raconter des histoires. Notons, par ailleurs, que ces réalisateurs ont animé hier matin une conférence de presse à la salle Frantz-Fanon, afin d'expliquer leur démarche. D'autre part, Il était une première fois le Panaf de l'Algérien Boualem Aïssaoui a également été projeté hier à la salle Alpha. Durant les 50 minutes, le documentaire revient sur le 1er Festival culturel panafricain de 1969 à travers des témoignages et des images inédites. DJAZIA SAFTA