Le président de la chambre nationale d'agriculture, M. Mohamed-Cherif Ould El-Hocine, dénonce les tergiversations de la banque algérienne de développement agricole (Badr) quant à l'effacement de la dette des agriculteurs. En dépit de la décision officielle du président de la république, les dettes des fellahs n'ont pas été effacées et, pis encore, les endettés ont été poursuivis en justice. La banque, si l'on croit M. Ould El-Hocine, refuse de traiter définitivement ce dossier d'autant plus qu'elle ne cesse de sélectionner les filières et les personnes éligibles à ce désendettement. Chose que n'a jamais évoquée le premier magistrat du pays lors de son discours prononcé à Biskra. Il déplore également l'opacité dans laquelle sont pris en charge ces dossiers par la Badr. Selon lui, ni la chambre ni l'union des paysans n'ont été associées au règlement de ce problème. Pourtant, l'avis de ces deux structures, partenaires des pouvoirs publics, serait certainement d'un apport considérable dans le cadre de la mise en application de la mesure présidentielle. Seule la caisse nationale de mutualité agricole (CNMA) a traité, jusque-là, quelque 50 000 dossiers. Résultat des courses : les agriculteurs concernés ne savent plus à quel saint se vouer. “Je pense que les institutions sont en retard par rapport à la décision politique”, affirme M. Ould el-Hocine. Il qualifie les décisions de Abdelaziz Bouteflika de “mesures structurelles réengageant l'agriculture dans l'investissement et la mettant prioritairement au cœur de l'économie nationale”. Or, l'administration n'arrive pas à suivre la volonté publique. Afin de booster davantage le secteur agricole, M. Ould El-Hocine préconise la mise en place d'une stratégie de financement de l'agriculture tout en impliquant l'ensemble des institutions financières dans cette perspective. “Deuxième action à effectuer : arrêter le morcellement des terres et placer l'agriculteur au centre des débats.” Celui-ci, indique-t-il, nécessite une formation, un recyclage, car le secteur a besoin d'un sang nouveau. “Le renouvellement de la main-d'œuvre reste très faible. Plus de 431 000 agriculteurs dépassent l'âge de 50 ans”, regrette ce responsable. Par ailleurs, ajoute-t-il, la question de l'eau et de la dépendance de la pluviométrie devra être résolue. Une partie de l'eau des 72 barrages projetés devra être également réservée à l'agriculture pour permettre aux fellahs de travailler avec de l'irrigué. “si l'on peut disposer de 1 million d'hectares en irrigué pour la céréaliculture, on éliminera définitivement la facture céréalière. Il faut opter carrément pour des périmètres irrigués destinés à des cultures stratégiques telles que la pomme de terre où 20 millions de quintaux ont été produits pour l'année. Il faut élargir cela aux céréales, au lait…”, propose le président de la chambre. Interrogé sur les ondes de la radio chaîne III à propos du système de régulation Syrpalac, il estime que c'est un moyen de dissuader les spéculateurs à agir seul sur le marché et à dicter leurs lois comme c'était le cas il y a quelques années de cela. B. K.