La compagnie nationale d'électricité a demandé à la commission de régulation de réajuster les tarifs de l'énergie en raison de ses coûts de revient élevés . Les citoyens risquent de voir leurs factures encore plus “salées” dès l'année prochaine. C'est ce qu' a laissé entendre le P-DG de la Société nationale du gaz et d'électricité (Sonelgaz), M. Noureddine Bouterfa. “Nous allons demander une augmentation des tarifs de l'électricité à la consommation pour 2006 de 10 à 15% à l'Autorité de régulation de l'électricité et du gaz (Creg)”, a-t-il annoncé hier au cours d'une émission de la radio Chaîne III. Cette nouvelle demande d'augmentation sera soumise au préalable à la commission de régulation qui statuera sur ce dossier. Le P-DG a, en outre, indiqué que les tarifs pratiqués actuellement ne représentent que 65% du prix de revient. Abordant le problème des coupures de courant, notamment pendant l'été de l'année 2004, le premier responsable de Sonelgaz a souligné que ces délestages ne sont pas dus à un manque de production, mais sont liés beaucoup plus à une période de maintenance et d'entretien. Car, avoue-t-il, “on sortait d'une étape où il ne fallait pas réduire à une autre où il fallait un entretien. Quand on sait que 40% du parc étaient hors service, il faut faire face à la demande”. Et d'ajouter : “Je ne pense pas qu'il y ait dans le monde un pays qui ne déleste pas.” PAS DE DELESTAGE EN HIVER ET EN ETE Pour lui, la situation s'améliorera et deviendra quasi normale à partir de l'année 2008. Car, durant cette année-là, l'ensemble des grands projets de transport d'électricité seront achevés. Ainsi, le contrôle du transit sera libéré. À cela, il y a lieu d'ajouter les centrales qui se réaliseront aussi. Une chose est certaine, rassure-t-il, c'est que le citoyen ne subira pas en principe de coupures pendant l'hiver et l'été de l'année 2006. Pour cela, l'entreprise compte sur les projets de réalisation des centrales électriques en vue de satisfaire une demande d'électricité qui s'accroît de 6,5 à 7% par an. Sur un autre registre, le P-DG a relevé que la phase de la restructuration de la société sera finalisée le 1er janvier prochain avec la création de quatre filiales pour la distribution. Celles-ci doivent permettre d'améliorer la gestion de la distribution et la qualité de service. Evoquant le retour de cinq entreprises (Kahrakib, Kahrif, Kanaghaz, Inerga, Etterkib) dans le giron de la société mère Sonelgaz, M. Bouterfa a souligné que celles-ci allaient être “recapitalisées et dotées de moyens pour pouvoir moderniser leur outil de production” et répondre au vaste programme national d'électrification et de raccordement au gaz inscrit dans le plan de soutien à la croissance 2005-2009. Sonelgaz récupère de ce fait 100% des actions de ces cinq entreprises. Ces dernières reviennent aujourd'hui dans le giron de Sonelgaz en tant que filiales. Leur restructuration durant les années 1980 était, selon M. Bouterfa, une erreur par rapport à la capitalisation et à l'acquisition du savoir-faire. Beaucoup de clients mauvais payeurs : des créances de l'ordre de 25 milliards de dinars enregistrées “Nous allons garder quatre fonctions principales : la gestion des ressources humaines, le maintien du contrôle en matière de politique financière et la sauvegarde du système d'information et la mise en œuvre de notre stratégie”, arguera le P-DG. Les autres objectifs tracés dans l'immédiat ont trait à la reconstruction de ce qui était détruit durant les années de terrorisme, la réorganisation de la société et sa restructuration en parallèle. En matière de restructuration, tous les métiers de production de l'entreprise ont été filialisés. Le réseau de transport reste l'un des plus vastes chantiers puisqu'il mène près de 200 projets en parallèle pour se mettre à niveau et introduire de nouvelles technologies. Sonelgaz prévoit une révision de l'ensemble des systèmes de gestion du point de vue technique. À ce propos, un nouveau dispatching sera inauguré avant la fin du premier semestre 2006. Par ailleurs, la Sonelgaz envisage de lancer, durant le 1er semestre 2006, un nouvel emprunt obligataire grand public d'un montant de 20 à 25 milliards de dinars, a indiqué samedi son P-DG, M. Noureddine Bouterfa. “Nous nous préparons à lancer au premier semestre 2006 un autre emprunt obligataire de 20 à 25 milliards de dinars ouvert au grand public”, a affirmé M. Bouterfa. Il a précisé aussi que les quelque 50 milliards de dinars levés lors des trois emprunts lancés en 2005 ont été entièrement consommés. Ces fonds ont été destinés au financement d'une partie du programme d'investissement de la société, notamment dans le transport, la distribution et la production. À ce propos, le taux d'électrification a atteint les 96%. Sonelgaz, qui compte actuellement 5,8 millions d'abonnés à l'électricité, prévoit de réaliser un bénéfice de 13 milliards de DA en 2006 contre 14,5 milliards de DA en 2004. Pour l'année prochaine, les investissements de Sonelgaz dépasseront le montant de 100 milliards de DA. Pour lui, les emprunts obligataires ne peuvent pas, à eux seuls, financer ce programme. Ce qui nécessitera, a-t-il expliqué, le recours aux banques algériennes pour mobiliser les financements complémentaires en plus des fonds propres. L'éventualité d'une ouverture du capital de Sonelgaz n'est, selon M. Bouterfa, pas écartée. Il confirme : “Il est possible qu'il y ait une ouverture du capital, mais c'est au gouvernement d'en décider.” Tout en nuançant ses propos en disant que selon lui , elle n'est pas à l'ordre du jour, parce que les conditions d'une économie de marché ne sont pas toutes réunies en Algérie. Il a indiqué que les créances que Sonelgaz n'arrive pas ou peine à recouvrer atteignent les 25 milliards de dinars. Badreddine K.