La Grèce, auparavant moins violente à l'égard de l'immigration, a emboîté le pas à son voisin italien. Les immigrés sont déclarés indésirables et chassés hors des frontières grecques. La Grèce, avec ses frontières extérieures de l'Union européenne, est accusée par ses pairs d'être l'une des principales voies d'accès à l'espace Schengen. Le pays se dit aujourd'hui débordé par les flux migratoires, pour justifier sa chasse à l'immigration. Des ONG et des organisations internationales comme le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés critiquent les pratiques musclées des autorités grecques. Des drames humains comme celui de la mort d'un jeune Kurde illustre l'ampleur du problème. Arivan Osman Asis est décédé la semaine dernière dans un hôpital de Salonique où il avait été admis, il y a trois mois, avec des blessures graves. Il avait tenté d'embarquer sur un ferry pour aller en Italie. Ses compatriotes disent que ce sont les autorités portuaires qui l'ont violemment battu. Ce qui n'est pas exceptionnel quand il s'agit de migrants… C'est en tout cas ce qu'affirme l'association des droits de l'homme Human Rights Watch, dont la chercheuse Simone Troller a rassemblé de nombreux témoignages qui prouvent les mauvais traitements infligés à des clandestins en Grèce. La police procède sans ménagement à l'évacuation d'immigrés dans le vieux bâtiments du centre d'Athènes, arrête les sans-papiers qui sont expulsés à la nuit tombée, en totale violation des règles internationales. Human Rights Watch parle de bavures systématiques. Pour lutter contre l'immigration, tous les moyens semblent bons, même des bulldozers qui ont détruit un campement habité par des centaines d'Afghans dans la ville portuaire de Patras. Et ces opérations de nettoyage se multiplient. Augmenter le nombre des expulsions, c'est l'objectif annoncé par le gouvernement. Le ton à Athènes est au durcissement des lois. Il est vrai que le gouvernement est sous pression. L'extrême droite a fait 7% aux élections européennes. Il y a aujourd'hui des quartiers à Athènes où des clandestins ont été chassés par les habitants, appuyés par des militants d'extrême droite. D. Bouatta