Les prochains bateaux doivent se conformer à la nouvelle réglementation qui exige le crédit documentaire. Une première bonne nouvelle pour les importateurs. Une note adressée aux importateurs autorise le déchargement des cargos payé en transfert libre, pour peu qu'ils soient arrivés avant le 4 août. Depuis le 26 août, date de la parution au Journal officiel de la LFC, le transfert libre n'est plus valable comme mode de paiement. Or, cette mesure prise hâtivement ne donne pas le temps aux importateurs de s'y conformer. Depuis plus d'une semaine, les cargos avec les marchandises payées en transfert libre sont en rade. Les importateurs sont obligés de payer les surestaries (taxe du séjour des navires au port) qui peuvent atteindre les 10 000 dollars/jour en attendant qu'ils arrivent à modifier le transfert libre en crédit documentaire. Ce changement exige plus de temps et des changements de documents qui ne sont pas faciles à obtenir rapidement notamment en cette période des congés. Face à la pression des importateurs, désormais, ces livraisons de matière première arrivée avant le 4 août peuvent être débarquées. Une solution pour ces navires mais pour les prochains, ils devront impérativement être payés avec le crédit documentaire. Passer d'une commande en transfert libre à une commande en crédit documentaire exige des contraintes administratives (plus de documents bancaires). Nacereddine Kara, le vice-président de l'Association nationale des exportateurs algériens (ANEXAL) estime qu'il faut 45 jours pour changer entre le transfert libre et le crédit documentaire. Une attente qui peut devenir très préoccupante pour les produits périssables. Les importateurs très surpris de cette disposition dans la LFC tentent de s'y conformer dans les plus brefs délais pour éviter les pertes. Khaled Boali, le directeur général de MFG, la filiale de Cévital spécialisée dans le verre, précise qu'ils n'ont pas, pour le moment, des problèmes de navire en rade : “Notre dernière cargaison pour le sable est défrayée aujourd'hui (mercredi) à Béjaïa sans aucune difficulté. Cependant d'ici à 15 jours, nous pourrons rencontrer quelques contraintes avec nos commandes. Nous sommes en plein mois d'août, la moitié des personnes sont en vacances”, reconnaît-il. De ce fait, modifier le mode de paiement du jour au lendemain, ajoute-t-il, n'est pas une chose aisée. “Nous faisons la course pour faire passer les prochaines commandes en crédit documentaire avant qu'elles partent et arrivent en Algérie car la modalité est plus simple”, affirme encore ce responsable. Pour lui, si rien n'est fait, tout le monde sera pénalisé dans très peu de temps. “Je regrette le manque de communication de la part du gouvernement. Pour cette modification du mode paiement, ils auraient pu nous laisser un temps d'adaptation”, précise-t-il. Dans cette période de flottement pour éviter un blocage des bateaux au port, une réunion est programmée samedi entre l'Abef et les entreprises importatrices. Par ailleurs, le vice-président de l'Anexal qualifie de “très dangereuse pour les PME” l'obligation du paiement par crédit documentaire. “Le crédit documentaire oblige les entreprises à avoir un fonds de ressources important. Ce qui n'est pas le cas pour les PME algériennes. Des fournisseurs peuvent donc leur refuser le crédit documentaire et n'auront pas leur commande pour l'importation nécessaire à leur production”. Pour d'autres chefs d'entreprise, cette décision montre tout simplement le “désordre” qui ronge toujours le gouvernement. Ces derniers ne comprennent pas pourquoi, ils n'ont pas été consultés. “Désormais, nous allons payer plus cher que ce que nous vendons. Pour survivre, notre seule solution, c'est d'augmenter le prix du produit”, raconte un chef d'entreprise. Pour Nacereddine Kara, cette mesure reste anti-économique : “Pendant des années, en Algérie, nous avons importé tout et n'importe quoi. Nous n'avons pas réussi à lutter contre l'informel. Le gouvernement souhaite faire baisser la facture des importations en les contraignant, mais ils compliquent aussi le fonctionnement des entreprises notamment celles qui veulent exporter. Avec cette instabilité juridique et réglementaire, des clients européens commencent à demander à leurs clients algériens de délocaliser en Tunisie ou au Maroc”. Emilie Marche