Le projet de couverture sanitaire universelle, que Barack Obama tente vaille que vaille de faire avaliser par le Congrès, divise l'Amérique et signe définitivement la fin de la période de grâce pour le premier président noir de l'histoire des Etats-Unis. La réforme du système de santé est la priorité de sa politique intérieure et c'est essentiellement sur sa capacité ou non à la mener à bien qu'il sera jugé par les Américains à l'issue de son mandat. Or, le projet fait consensus contre lui parmi les républicains et provoque des réticences chez certains démocrates. Non seulement son coût faramineux de 1000 milliards de dollars joue en sa défaveur, mais les conservateurs, des plus modérés aux plus radicaux, lui trouvent aussi un caractère liberticide en ce sens qu'il pénalise, selon eux, les assureurs privés. De là à qualifier le projet de marxiste, il n'y a qu'un pas, que beaucoup de ses détracteurs ont franchi. à travers la presse écrite et la télévision, mais surtout à travers internet où les sites hostiles se sont multipliés, la réforme d'Obama est vouée aux gémonies. Lui-même y est caricaturé dans des postures désobligeantes et essuie toutes sortes de commentaires d'un humour souvent douteux et parfois franchement exécrable, avec des relents de racisme à peine voilés. La campagne agressive menée contre lui et son projet de réforme a contraint Barack Obama à descendre dans l'arène pour tenter, à travers des interventions publiques, de démonter les arguments de ses adversaires. D'autres cadres démocrates le suppléent et mènent à leur tour une campagne d'explication. L'un d'eux a failli être molesté en pleine conférence alors qu'il développait les avantages de la couverture sanitaire universelle, tandis que la permanence d'un élu démocrate, engagé lui aussi dans la campagne, a été taguée avec des croix gammées. La Maison-Blanche a, pour sa part, fait savoir que le président recevait personnellement jusqu'à trente menaces de mort par jour, ce qui relance la question très sensible de sa sécurité. Plus grave encore, une étude récente a démontré que le nombre de groupes et groupuscules antigouvernementaux, extrémistes et racistes, a connu un développement particulièrement inquiétant depuis l'élection de Barack Obama à la Maison-Blanche. Certains d'entre eux sont surarmés et disposent de camps d'entraînement où ils s'exercent au tir. Il convient de rappeler, à ce sujet, que le président américain a déjà fait l'objet de tentatives d'attentat alors qu'il était en campagne électorale. Barack Obama est également critiqué sur sa politique étrangère. Ainsi, l'ancien secrétaire d'Etat républicain Henry Kissinger, à 86 ans, est sorti de sa retraite pour fustiger Bill Clinton et, à travers lui l'Administration Obama, pour sa visite à Pyongyong d'où il est rentré avec les deux journalistes américaines emprisonnées pour s'être introduites illégalement sur le territoire de la Corée du Nord. Il a considéré que la démarche mettait en danger les ressortissants américains à travers le monde en en faisant une monnaie d'échange et contredit la politique de fermeté à l'égard de la prolifération nucléaire, telle que prônée par Hillary Clinton elle-même. Un peu plus de deux cent jours après l'investiture d'Obama à la Maison Blanche, un moment désarçonnés par la brillante victoire du démocrate et par le bilan calamiteux de leur dernière présidence, les républicains semblent déterminés à regagner le terrain perdu, même si les moyens mis en œuvre ne sont pas des plus chevaleresques. Mais, au-delà de la bataille politique tout à fait normale en démocratie, c'est le regain en nombre et en intensité de la violence verbale et physique et la multiplication de groupes ouvertement opposés au gouvernement fédéral et prônant le racisme et le recours aux armes qui inquiètent. Mais c'est aussi cela l'Amérique et ses paradoxes. Capable de porter un Noir à la Maison-Blanche, elle ne nourrit pas moins en son sein des démons qui n'hésitent pas à le menacer de mort. Comme si les blessures de la guerre de sécession n'étaient pas complètement et définitivement cautérisées… M. A. Boumendil