Le chef du Likoud revient à la charge pour essayer, une nouvelle fois, d'éjecter Yasser Arafat de la direction palestinienne, après deux années de tentatives infructueuses malgré le soutien inconditionnel de l'Administration Bush.Si Sharon justifie le blocage du processus de paix par la présence du leader du Fatah à la tête de l'Autorité palestinienne, la mise à l'écart de ce dernier est la cause du statu quo, selon les responsables palestiniens. L'Europe est mise à l'index par le Chef du gouvernement israélien, qui n'admet pas que les dirigeants du Vieux Continent maintiennent le contact avec Yasser Arafat, qu'il accuse de bloquer toutes les initiatives de Mahmoud Abbas. Sharon reproche également à l'Europe de ne pas s'impliquer suffisamment dans la mise en œuvre de la “feuille de route” du quartette, retardée par le soutien au chef de l'OLP, qui garde son influence entière et son pouvoir de décision intact, comme le montrent les récentes critiques virulentes essuyées par Abou Mazen lors de la dernière réunion du Fatah. La solution résiderait, selon Sharon, dans la mise à l'écart effective de Arafat en le privant de “toute fonction” au sein de l'autorité palestinienne. Ce point de vue est totalement rejeté par les personnalités palestiniennes, qui imputent l'absence de progrès concrets dans les négociations de paix aux tentatives israélo-américaines d'isoler le patron du Fatah. Nabil Amr, le ministre palestinien de l'information, affirme que tant que l'état de siège imposé à Yasser Arafat n'est pas levé, la situation n'évoluera pas. Le président de l'autorité palestinienne demeure, en dépit du différend toujours en suspens qui l'oppose à son Chef de gouvernement, le symbole de la lutte de son peuple, soutient Nabil Amr. Et les Palestiniens n'envisagent nullement de s'en séparer, ajoute-t-il. Pour montrer à Sharon leur attachement à Yasser Arafat, lors des prochaines élections présidentielles, aucun candidat ne se présentera contre lui, pour l'imposer encore davantage sur la scène internationale. À l'exception du président du conseil italien Silvio Berlusconi, qui s'est aligné sur la position israélienne, le reste des dirigeants européens consultent Yasser Arafat au cours des visites effectuées au proche-orient et le considèrent comme un élément incontournable dans le règlement du conflit israélo-palestinien. Idem pour la Russie et la Chine, dont les rapports avec le leader palestinien demeurent excellents. Cela n'est pas sans déplaire au premier ministre israélien qui tente à nouveau de convaincre le monde de la nécessité de mettre “hors jeu” Yasser Arafat, en appelant particulièrement les responsables européens à éviter tout contact avec lui. Le soutien inconditionnel de George Bush à cette démarche ne semble pas convaincre grand monde. Même si le président de l'autorité palestinienne s'éclipse volontairement pour permettre à Mahmoud Abbas de mener à bien les négociations de paix, pour ne pas ralentir ou entraver la mise en œuvre de la “feuille de route”, il demeure le véritable maître à bord. Toutes les personnalités palestiniennes assurent que rien ne se décide sans son aval. Conscient de cela, Ariel Sharon cherche par tous les moyens à se débarrasser de son “cauchemar Arafat”, qui le hante depuis la création de l'organisation de libération de la Palestine (OLP) en 1970. Même le meurtre a été envisagé par le boucher de Sabra et Chatilla, pour évincer le vieux leader palestinien de son chemin. K. A