“Depuis 2003, les boucheries de la commune de Barhoum n'ont pas été inspectées par les contrôleurs de la DSP, de la santé ou de l'APC”, avoue un élu de la région. Après l'abattage clandestin, c'est au tour des boucheries illicites d'investir la voie publique. Ce phénomène, qui ne cesse de prendre de l'ampleur, surtout en cette période de Ramadhan, est visible, notamment dans tous les commerces de la ville. La zone la plus touchée, constate-t-on, reste la RN40. Des bouchers pratiquent couramment l'abattage clandestin au mépris des règlements sanitaires et fiscaux. Des carcasses entières de moutons, abattus on ne sait où, sont suspendues à des troncs d'arbre sur les bas-côtés de cette route à grande circulation. Les trottoirs servent aussi d'établis pour les morceaux coupés, car les bouchers “à domicile” abattent le bétail à même le sol. Deux ou trois gaillards terrassent l'animal, on prononce, le cas échéant, quelques versets du Coran, puis on applique un couteau tranchant sur la gorge de l'animal. Ces méthodes rudimentaires donnent une viande d'une propreté douteuse et bien des bouchers “clandestins” se passent très bien de l'estampille des services vétérinaires. Mais d'autres sont plus formalistes. Les uns choisissent d'apporter de temps à autre une bête à l'abattoir. Ils en ramènent la carcasse couverte des marques bleues du tampon officiel. Cette viande est ensuite mélangée avec des morceaux non contrôlés. Il faut savoir que ce type de pratique commerciale s'est amplifié depuis 2003, quand la ville était livrée à elle-même. Selon une source de la DCP de M'sila, “en 2003, des agents de la DCP ont été agressés dans cette ville après avoir contrôlé, dressé des PV et saisi des carcasses de viande non contrôlées par le vétérinaire”, nous a-t-on précisé. La plupart des bouchers-fraudeurs ne comprennent pas le bien-fondé des contrôles sanitaires. Pour un médecin de la région, il est urgent d'informer les consommateurs sur les dangers d'une viande impropre. Celui qui en consomme risque d'attraper la tuberculose, la péripneumonie, le ténia ou encore l'hydrochaxie qui se manifeste par un amaigrissement du malade, dont les muscles, en même temps, se gorgent d'eau. Mais la sensibilisation du public n'est pas près de faire reculer l'abattage clandestin. Cette pratique est tellement courante dans la région que la majorité de la population la considère comme parfaitement normale, d'autant que le laxisme des autorités locales est flagrant.