Des enfants débrouillards se livrent à toutes sortes d'activités commerciales, en dressant un étal de fortune jusque sur les esplanades des mosquées et les entrées des bâtiments officiels. Le chômage et le paupérisme continuent leur sinistre œuvre parmi la population juvénile à Mila. Ils sont par centaines à descendre quotidiennement dans les rues pour pratiquer leurs petits commerces sur la voie publique, au risque de s'exposer aux coups de soleil par ces journées caniculaires, au brouhaha malsain de la proximité et aux rodeurs qui infestent les rues et places. On est en présence d'une situation inédite qui en dit long sur le peu de cas qu'on fait de cette frange sociale particulièrement vulnérable, les enfants. Les rues de la commune, chef-lieu de wilaya, sont un exemple édifiant, bien que le phénomène ne soit pas l'apanage de la seule ville de Mila. En effet, des cohortes d'enfants investissent les rues dès le petit matin, avec un seul et même objectif : aider la famille à mieux manger au f'tour ! Aussi, à cet effet, ces débrouillards se livrent-ils à toutes sortes d'activités commerciales en dressant leurs étals de fortune jusque sur les esplanades des mosquées et les entrées des bâtiments officiels. De la rue Zeghdoud-Ali, à proximité de la BNA, jusqu'à la rue Tabbal-Saïd, à l'est de la ville, en passant par l'environnement du jardin public et la route de Grarem, au centre-ville, c'est le même spectacle de désolation qui frappe la vue, de quelque côté que le regard se tourne. Des jeunes enfants et des adolescents, qui tentent d'accrocher un hypothétique client en clamant dans la multitude leurs marchandises, formées essentiellement de galettes, d'herbes aromatiques, de lait de vache, de fruits de saison et autre menu fretins. Il faut les voir proposer des tranches de galette et des bouquets de persil aux fidèles au sortir des mosquées ou courir, des bidons de figues au bout des bras, d'un lieu à un autre, pour mesurer toute la misère qui est la leur et s'apercevoir de près de la catastrophique situation qu'ils endurent, cela au moment où les bambins, sous d'autres cieux, se trouvent branchés sur autre chose ! C'est révoltant de voir toute une population d'enfants livrée à elle-même, réduite à cette situation qui ne fait honneur ni à l'école, ni aux organismes voués à l'enfance et moins encore au milieu familial. Aussi, on est en droit de s'interroger : que peut-on attendre de cette population d'enfants et d'adolescents ? Apparemment, rien, si ce n'est la tempête.