Le DGSN a reconnu jeudi lors de la cérémonie de sortie de la 23e promotion de commissaires de l'Ecole supérieure de la police de Châteauneuf que le corps qu'il dirige a été l'objet d'un plan de déstabilisation que ses services ont pu déjouer “grâce à leur cohésion, leur complémentarité et la confiance entre ses éléments”. Discours exceptionnel tant que, durant des mois, le patron de la police s'est refusé de répondre aux questions liées à son différend avec le ministre de l'Intérieur, Nourredine Yazid Zerhouni, se contentant parfois de mettre le litige dans la rubrique des rumeurs. Lorsque les questions se sont faites insistantes, le directeur général de la police a menacé de poursuites judiciaires les journalistes qui s'aventureraient à écrire sur les tensions au sein de l'institution. paradoxalement, et sans que la question ne lui soit posée, M. Tounsi revient sur le sujet et précise qu'il s'agit d'une manœuvre de déstabilisation. Plus qu'une déstabilisation, il a évoqué une tentative de semer “la fitna” (guerre) au sein de la police. Changement de ton, mais surtout assurance de M. Tounsi qui a gagné la partie contre ses détracteurs et ceux qui le donnaient partant à la retraite. Il n'en fut rien, et le DGSN, conforté dans sa position, en donnera la preuve avec les nouvelles nominations : le nouveau patron de la PJ et le départ de celui des RG. Il terminera son discours sur une note de menace aux instigateurs de la stabilisation avec la certitude qu'ils n'ont aucune chance de vaincre. “Nos ennemis n'y arriveront jamais”, a clamé M. Tounsi. Avec ce tournant dont l'indice est le discours de jeudi, Ali Tounsi se place dans une nouvelle perspective dans laquelle la police est appelée à démontrer “sa cohésion, la complémentarité de ses éléments, sa confiance” du “bas vers le haut et inversement”. Il fera également une autre exception en évoquant largement la question du terrorisme qu'il a souvent éludée. En cette période de réconciliation nationale, rares ont été les responsables à reconnaître la persistance du terrorisme et de sa menace avec une telle franchise. “Il reste encore des ennemis de la police, des criminels et des terroristes”, dit-il à l'adresse des officiers qu'il qualifia de “nouveaux moudjahidine”, comme ceux de la guerre de libération, qui s'engagent avec le même sacrifice pour le pays. Il a appelé les nouveaux promus à respecter l'éthique de leur métier et adopter des comportements à même de servir d'exemple pour les autres éléments. “Le pays attend beaucoup de vous pour ramener la sécurité et la stabilité. Il ne faut pas décevoir”, a été son dernier message à l'adresse des officiers et partant de là à toute l'institution. Décodé, M. Tounsi réclame plus de rigueur, de sacrifices et d'efficacité de ses services dans ce discours qui se veut également une instruction. D'ailleurs, peut-on y lire en filigrane, une sorte d'engagement pris par le patron de la police “de ne plus décevoir” et de mettre de l'ordre dans l'institution. Cela est d'autant plus plausible que cette sortie de M. Tounsi, qui a présidé toutes les cérémonies de sortie de promotion des écoles de la police tout en ayant évité l'évocation des deux sujets brûlants, le conflit avec Zerhouni et le terrorisme, teintée d'assurance et de franchise, intervient quelques jours après son audition par le président de la république. Actes, discours et attitude de M. Tounsi ces dernières semaines confirment qu'il a été conforté dans sa position, confirmé une nouvelle fois comme le patron de la police, le conflit avec sa tutelle évacué ; mais reste le dilemme du nouveau deal. Il est peut-être dans les missions des “nouveaux moudjahidine” : les policiers. Djilali B.