Les habitants devraient rejeter aujourd'hui la proposition faite par le wali pour tenter de désamorcer la crise. Aujourd'hui, les regards des familles de la cité El-Match et des habitants de tout Skikda sont braqués en direction des hauteurs de la ville où se trouve le cabinet du wali. Ce dernier est censé recevoir une délégation de représentants de la cité qui va lui annoncer le rejet de sa proposition de règlement de la crise par les habitants qui s'accrochent à leurs revendications : relogement de l'ensemble des familles concernées et annulation des décisions d'octroi des F1. C'est de la réponse qui sera donnée à ce message que dépendra la suite des évènements, dans une ville qui renoue, une année après les émeutes de l'eau, avec la violence. Hier, à la cité El-Match, rares sont les traces des émeutes de mercredi dernier. Cependant, si le feu a été éteint, les braises tiennent toujours. Des jeunes de la cité parlent avec nervosité des évènements de mercredi dernier. Pour le président du comité : “La cité d'habitat précaire, El-Match, ou encore la SAS, est habitée par 314 familles. En avril dernier, une liste de 160 familles bénéficiaires d'un programme de relogement a été dressée. Elle a été affichée, des gens ont versé les frais d'établissement de contrat, selon le type de logement. Puis, il y a eu des recours. Seulement, après l'étude des recours, une autre liste a été dressée où seules 31 familles de la première liste ont été maintenues. Pourtant, ici chacun connaît chacun et on ne peut se tromper sur la qualité de plus de 70% des habitants.” Un autre jeune prend le relais pour enfoncer l'administration locale : “La nouvelle liste n'est toujours pas publiée parce qu'elle est truffée de gens étrangers à la cité et qui se recrutent parmi les proches du wali et des autres responsables de l'exécutif.” Les membres du comité de quartier ont demandé vainement la publication de la liste. Sur les dernières émeutes, le président du comité de la cité revient avec amertume : “On était 300 personnes à faire le pied de grue, mercredi matin, devant le cabinet du wali pour demander une audience et éviter tout dérapage. Personne n'a daigné nous recevoir. Des proposés au portail ont fini par nous dire que le wali était absent. C'est à ce moment que les jeunes de la cité ont compris qu'on se moquait d'eux. Qu'ils ne comptent pour rien dans ces hauts lieux. Frustrés, ils ont barricadé les accès à la cité avec des objets de fortune et des pneus incendiés. Les policiers sont venus aux coups de 13h20. Ils ont commencé à tirer non pas en direction des émeutiers mais des maisons. De vieilles personnes et des enfants ont été pris de malaise. Une heure après et au moment où les ambulances commençaient à évacuer les blessés, il s'est avéré que le wali n'était pas absent. Des émissaires à lui sont venus annoncer aux membres du comité de la cité qu'il les attendait. Les discussions sont engagées, mais elles tournent court.” Depuis jeudi matin, le calme est revenu à la cité, les squatters sont rentrés, dans la sérénité, chez eux. Cela ne veut pas dire que les jeunes d'El-Match ont capitulé. Ils se posent un tas des questions : qui est cette wilaya qui s'arroge le droit de ne pas publier la liste des bénéficiaires de logements payés par le contribuable et la communauté internationale ? Qui est cette administration décentralisée qui passe outre la décision centrale de ne plus octroyer des F1 ? Qui sont ces commis d'un Etat républicain qui recourent au Masshaf (le Livre sacré) dans leurs enquêtes administratives ? À El-Match, l'assainissement des eaux usées est toujours en panne. À l'intérieur de la cité, un nouveau genre d'insectes inconnus de la région a fait son apparition ces derniers mois. Durant l'hiver, 29 jours sur 30, El-Match est privée d'électricité. Quant à l'éclairage public, ils n'existe que dans les rapports de l'administration... M. K.