Des handicapés, des personnes âgées, des malades mentaux et des SDF vivent tous ensemble dans le centre de Bab-Ezzouar. Une telle situation rend la cohabitation difficile, sinon impossible, et favorise l'apparition de divers problèmes. Pour les personnes âgées “la stratégie thérapeutique requiert une approche pharmacologique indispensable, mais un suivi psychothérapeutique et psychosocial s'avère tout aussi important. Quant aux personnes dépressives, elles ont besoin de soins psychiatriques. Leur place n'est pas ici”, selon une source. Première conséquence de cette cohabitation forcée entre personnes foncièrement différentes. L'interdiction de sortie du centre s'applique à tous alors qu'elle a été prise en raison du comportement de certains. “Nous sommes contre la décision du ministre relative à notre privation de sortie. Nous ne voulons pas payer pour les autres. Personne ne veut nous écouter. Il y a des personnes dans ce centre qui sont saines d'esprit et qui peuvent avoir un travail et vivre dignement. Je veux retourner dans ma famille, mais personne ne veut m'écouter. Je ne peux pas vous raconter mon histoire. Le ministre de la Solidarité est au courant de mon cas, mais il n'a rien fait pour m'aider”, nous dira l'un des pensionnaires du centre âgé de 75 ans, en colère. L'un des responsables du centre nous expliquera, qu'effectivement, le ministre de la Solidarité nationale a donné instruction d'interdire les sorties pour ces personnes. “Certaines d'entre elles, une fois à l'extérieur du centre, mendient, chose qui a déplu au ministre et qui a ordonné d'empêcher ces personnes de sortir sauf pour certaines, pour des raisons valables et avec un bon de sortie”. Une deuxième décision a été également prise par la tutelle, il s'agit des critères qui définissent l'insertion des personnes dans ce centre. Désormais, les futurs pensionnaires devront être âgés de plus de 65 ans, sans famille et ne doivent bénéficier d'aucune pension. “Espérons que cette instruction soit appliquée car le centre reçoit beaucoup de SDF. La majorité des admissions sont irrégulières mais nous ne pouvons rien faire. Ce sont les agents de sécurité qui ramènent ces personnes trouvées dans les rues et sur la voie publique. Au début, ils nous disent que c'est pour un certain temps, ensuite, ces gens sans domicile stagnent ici sans qu'aucune autorité n'intervienne. Nous avons aussi reçu les gens qui étaient au centre de Dély-Ibrahim depuis que ce dernier a été touché par un incendie et la majorité sont des jeunes. Ils étaient 20, aujourd'hui, il n'en reste que 4”, nous avouera notre interlocuteur. Mohamed, 82 ans, Lamine, 78 ans, Ali, 75 ans sont dans ce centre depuis des années. Désorientés et fragiles, ces personnes majoritairement saines d'esprit se plaignent de l'agression qu'ils subissent de la part des malades mentaux malgré la présence d'une surveillance médicale, pédagogique et sociale. “Nous faisons notre possible pour gérer la situation et pour que ces gens-là ne manquent de rien. Mais leur réinsertion sociale n'est pas de nos prérogatives”, nous dira notre interlocuteur. Selon une source, “la majorité des cas suppose un accompagnement spécialisé pour les personnes issues de services de psychiatrie et qui devraient être sous la tutelle du ministère de la Santé”. Le gouvernement est interpellé pour mettre de l'ordre dans ce centre où il est constaté avec inquiétude la situation que vivent les personnes âgées et handicapées face aux personnes dépressives qui peuvent être dangereuses. Il est recommandé également la mise en place d'un système de réintégration de personnes jeunes et sans domicile qui est une véritable question de société.