Dans cet entretien, ce haut responsable de l'Abef aborde les perspectives de dévelop-pement des financements immobiliers. Il indique que les crédits déjà octroyés totalisent 130 milliards de dinars et le nombre de bénéficiaires tourne autour de 300 000. Liberté : Comment va évoluer le crédit immobilier, après la suppression du prêt à la consommation ? Abderrahmane Benkhalfa : Le crédit immobilier, il y a cinq années, était l'apanage d'une seule institution spécialisée qui est la Cnep. Depuis cinq ans, il s'est développé puisque, actuellement, il y sa une dizaine de banques et établissements financiers octroyant des crédits immobiliers à la fois des banques publiques et privées. Nous avons enregistré deux évolutions, sur le nombre de banques et d'établissements accordant ces prêts ainsi que sur la gamme des produits : crédit pour l'acquisition d'un bien neuf, pour l'aménagement, l'extension de son logement, l'achat de logement auprès des particuliers, l'achat d'un logement auprès d'un promoteur public et privé… Même une banque accorde un crédit pour la couverture de l'avance sur la location. On assure une concurrence sur les taux qui diffèrent d'une banque à une autre. Les taux d'intérêt varient entre 5,5%à 9% en fonction de la durée du prêt, de son montant et du risque assumé par la banque. Les taux seront bonifiés pour les emprunteurs qui ont un revenu moyen. Les textes d'application qui vont sortir prochainement concernent le crédit immobilier pour un logement neuf collectif. Les taux bonifiés s'appliquent aux emprunteurs qui ont un revenu moyen lequel sera déterminé par un texte d'application. Une disposition de la loi de finances complémentaire 2009 énonce cette possibilité de bonification. Un salarié dont le revenu dépasse un seuil déterminé par les textes d'application n'est pas éligible à la bonification. Donc, il y a une évolution dans la gamme des produits, sur le coût du crédit en plus de la concurrence interbancaire sur les taux, en fonction de l'âge. Le crédit immobilier entre maintenant dans la stratégie des banques et établissements financiers. Avec le crédit immobilier en substitution au crédit à la consommation, les financements pour l'acquisition de logements vont augmenter mais en respectant l'orthodoxie bancaire. On développera une grande capacité financement susceptible de contribuer à la resorption de la crise du logement Nous avons terminé l'année avec un encours de financements immobiliers de 130 milliards de dinars. Le nombre global d'emprunteurs tourne autour de 300. 000. Ce chiffre a grimpé au cours de ces dernières années. On va vers un décollage fort du crédit immobilier. C'est dans la ligne des réformes et des sollicitations des autorités publiques. La stratégie des prêts aux particuliers s'oriente vers le développement du crédit immobilier. Il faut s'attendre à un accroissement significatif du nombre de crédits immobiliers octroyés. Quelles sont les contraintes à l'accès au crédit immobilier ? Certaines conditions doivent être adoucies.1°) Le coût des logements offerts reste disproportionné au revenu des demandeurs. Le soutien de l'état, la solvabilisation du client sont des instruments encore nécessaires. Par exemple, avec l'apport de la Caisse nationale du logement (CNL), le bénéficiaire sur un logement LSP de 80 mètres carrés supporte seulement 1,7 million de dinars. Pour un logement de 6 à 7 millions de dinars, le financement se heurte souvent à la capacité d'endettement du demandeur. Le coût du bien offert est un élément important si l'on veut soutenir le développement du marché immobilier. Le crédit immobilier reste avant tout un crédit. Les banques devant respecter les règles de prudence n'accordent un prêt à un citoyen que s'il peut consentir 35% à 40% de son salaire, ou de son revenu, au remboursement du crédit. à 30% c'est supportable. Il ne faut pas aller au-delà de ces seuils. Il ne faut pas le prendre à 50% pour ne pas déclencher un processus de surendettemet. 2°) La qualité des titres de propriété. Les banques accordent de crédit sur la base d'une hypothèque. Lorsqu'il y a difficulté sur sur le titre de propriété, on ne peut lever l'hypothèque. Un dernier mot… Il faut faire évoluer l'offre et faire évoluer les financements bancaires pour le logement. Il convient également de présenter des opportunités aux citoyens en permettant à des revenus moyens d'accéder au marché immobilier. Cela créerait des conditions réalistes de rapprochement de l'offre immobilière et de la capacité financière des demandeurs.