Prévu pour hier par-devant la 3e chambre, le procès dit de la pêche illicite du thon rouge a été finalement reporté au 7 octobre prochain par le tribunal d'Annaba, territorialement compétent. Cette affaire de trafic de thon rouge vivant, qui avait éclaté en mai dernier et dans laquelle seraient impliqués 6 ressortissants turcs aux côtés d'un armateur algérien, du secrétaire général du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques (MPRH) et du directeur des pêches maritimes et océaniques (DPMO) de ce même ministère, avait défrayé la chronique au lendemain de sa mise au jour par les garde-côtes de la façade maritime est. Elle concerne, rappelons-le, l'interception sur l'Akuadem 2, un navire turc au large d'Annaba, de 210 tonnes de thon rouge pêchées pour le compte du bateau thonier algérien El-Djazaïr, appartenant à M. S. L'embarcation arraisonnée au large des eaux territoriales algériennes faisait partie d'une flotte constituée de trois bateaux turcs spécialement aménagés pour ce type de pêche, dont le Certer Ahmet 1 et le Abdi Baba 3. L'Akuadem 2, qui remorquait une cage de 40 mètres de large et de 50 mètres de profondeur contenant 210 tonnes de thon rouge vivant, se trouve toujours à quai au port d'Annaba, alors que son équipage est consigné à bord. À signaler que les deux autres navires sont également immobilisés, ainsi que leurs équipages, à quelque miles de la côte depuis leur arraisonnement. On évoque notamment les conditions dans lesquelles le troisième bâtiment battant également pavillon turc, un thonier-usine supposé traînant dans son sillage une cage contenant deux cargaisons de thon rouge vivant et non une seule, n'a pu être rattrapé par les unités des garde-côtes. Celui-ci, après près d'une semaine de cavale, a rebroussé chemin et a regagné la côte annabie depuis samedi dernier, sur ordre des diplomates de l'ambassade de Turquie à Alger, dont le consul a pris la peine de se déplacer personnellement à Annaba, une journée avant le retour du patron de pêche. Le propriétaire du navire algérien, auteur de cette transaction avec la flottille turque, vient de réagir en mettant au grand jour l'implication de certains hauts responsables. Cependant, beaucoup refusent de croire qu'un seul thonier, quels que soient ses moyens et la qualification de son personnel, peut réaliser en dix jours une pêche record pareille. “Il est quasiment impossible à toute la flottille algérienne spécialisée dans ce cadre de réussir un coup de 210 tonnes, non pas en dix jours, mais durant toute la période autorisée de la pêche au thon rouge”, affirment des professionnels en la matière. Qui a tort et qui a raison ? Seule une enquête en profondeur, menée par des personnes compétentes, peut mettre à nu les dessous de cette affaire qui n'a pas encore livré tous ses secrets. On le saura peut-être à l'issue de ce procès qui a focalisé l'attention de beaucoup de personnes, celle notamment des professionnels du secteur de la pêche. Pour rappel, le quota de thon rouge, alloué à l'Algérie au titre de l'exercice 2009 par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique et des mers adjacentes, s'élève à près de 1 200 tonnes, le taux de pêche autorisé aux étrangers étant de 20%.