La place revenant à l'Union européenne (UE) dans la mise en œuvre de la “feuille de route” est différemment perçue par les Israéliens et les Palestiniens. Si l'autorité palestinienne fonde énormément d'espoir sur l'UE pour défendre sa cause, il n'en est pas de même pour Israël qui reproche à Bruxelles son refus d'isoler Yasser Arafat. Nabil Chaâth, le chef de la diplomatie palestinienne, et son homologue israélien, Sylvan Shalom, ont essayé lundi dernier à Bruxelles, séparément, de convaincre l'Union européenne de jouer un rôle plus important dans le processus de paix. L'Autorité palestinienne attend de l'UE une plus grande implication dans la concrétisation de la “feuille de route”, notamment en se faisant entendre au sein du comité des observateurs chargés de surveiller l'application du document du quartette. Les Palestiniens espèrent un engagement réel dans l'organisation de la conférence internationale sur le Proche-Orient qu'ils souhaitent voir organisée dans un pays européen. Pour le ministre palestinien, l'Union européenne constitue une “garantie” pour son pays dans le processus de paix. “Nous avons une entière confiance en l'Europe”, a-t-il déclaré. Du côté israélien, le refus de Bruxelles d'isoler Yasser Arafat semble avoir été “digéré”, à en croire les propos de Sylvan Shalom, qui a caressé ses pairs européens dans le sens du poil en affirmant qu'il souhaitait voir l'UE jouer un rôle-clé dans le processus de paix israélo-palestinien. “C'est très important pour nous”, a-t-il ajouté. Une chose est sûre, l'Union européenne est complètement effacée de la scène au Proche- Orient, laissant le champ libre aux envoyés spéciaux de George Bush. Jusqu'à ce jour, ce sont les Etats-Unis qui font le forcing pour mettre en œuvre la “feuille de route”. Il est à noter que Washington penche beaucoup plus du côté de Tel-Aviv que de Ramallah. Ariel Sharon n' a, à ce jour, fait aucune concession digne de ce nom, pour montrer sa bonne foi et sa volonté d'aboutir à la paix, hormis des paroles sans lendemain. En dépit de cela, la Maison-Blanche ne relâche pas sa pression sur les Palestiniens, sans en faire de même avec les Israéliens. Pendant ce temps, l'Union européenne s'est contentée d'observer. Cette position trouve son explication, selon les observateurs, dans la crise qui a secoué l'UE à la suite de la guerre en Irak, qui avait conduit à une fissure au sein de cette instance. En effet, pendant de long mois, Londres, Madrid et Rome d'un côté et Paris, Berlin et Bruxelles de l'autre ne sont pas épargnés les invectives, flirtant même avec l'implosion de l'Européenne, n'eut été le bon sens de certains membres. Il a fallu du temps pour ressouder les rangs et arrêter une politique étrangère européenne commune. Le refus de Tony Blair d'accéder au vœu d'Ariel Sharon lors de sa récente visite en Grande-Bretagne, de le voir s'aligner sur la position américaine visant à marginaliser Yasser Arafat, est un signe qui ne trompe pas sur la nouvelle unité de l'UE. Partant de là, il n'est pas exclu de voir l'Union européenne s'impliquer davantage à l'avenir dans la mise en œuvre de la “feuille de route”, en sa qualité de membre du quartette et de regroupement régional ayant son mot à dire dans la résolution d'un conflit dont les ondes de choc se répercutent sur la planète entière. K. A. Arafat veut des observateurs étrangers Le président de l'Autorité palestinienne, Yasser Arafat, a pressé lundi dernier les acteurs de la “feuille de route” visant à mettre un terme au conflit israélo-palestinien d'envoyer des observateurs étrangers pour surveiller le fragile processus de paix. “Il est nécessaire d'envoyer dans la région des observateurs étrangers qui travailleront sous l'égide des Etats-Unis, de la Russie, de l'Union européenne et des Nations unies”, a déclaré M. Arafat dans un entretien avec la première chaîne de télévision russe. “Seul ce quartette peut contribuer à la réalisation de la “feuille de route””, a-t-il dit. La “feuille de route” prévoit notamment la fin totale des violences de l'Intifadha et la création d'un Etat palestinien d'ici à 2005. Israël doit démanteler “immédiatement” les colonies sauvages érigées depuis l'accession au pouvoir de Sharon en mars 2001, et geler la colonisation juive dans les territoires occupés.