Le rassemblement, avant-hier, des travailleurs du port d'Alger, devant le siège de la Centrale syndicale UGTA, remet sur le tapis la problématique liée à la politique maritime nationale après la libéralisation du commerce extérieur et celle du dialogue social, sans cesse prôné par les autorités du pays, dont la finalité est le respect de la dignité humaine, à travers notamment la préservation des emplois. L'affaire des 650 ouvriers manutentionnaires mis au chômage technique le 1er octobre dernier au port d'Alger, au même titre que d'autres affaires menaçant l'avenir des travailleurs, apparaît comme un non-sens, sinon une violation à la trêve sociale qui, depuis octobre 2006, engage pourtant le gouvernement, des organisations patronales et l'UGTA. D'ailleurs, il est à se demander si la menace, qui pèse aujourd'hui sur l'avenir des 650 travailleurs, a un quelconque lien avec l'accord de partenariat sur la gestion des ports d'Alger, signé l'année dernière, entre le gouvernement et l'émirati Dubaï Port World. Un accord qui, de l'avis de nos confrères, a souffert à l'époque de la mise à l'écart du partenaire social. Dans une déclaration rendue publique, les travailleurs contestataires attribuent la mise au chômage technique des 650 ouvriers manutentionnaires à une des dispositions de la loi de finances complémentaire 2009 (LFC 2009), relative à “l'interdiction de débarquer les marchandises non conteneurisées” au port d'Alger. Ils insistent, en outre, sur l'absence d'association et de concertation avec le personnel, plus particulièrement les salariés touchés par les décisions. Alors que les solutions existent pour peu que les gestionnaires arrêtent de travailler en solo et de mettre les gens devant le fait accompli. Dans ce cadre, ils soutiennent qu'à défaut de préserver les postes de travail actuels, leur hiérarchie peut affecter les dockers menacés de licenciement dans d'autres structures. Si l'on en croit les travailleurs de l'entreprise du port d'Alger, ladite disposition de la LFC pose un sérieux problème, dans la mesure où elle met en danger l'emploi d'un millier d'ouvriers “dont au moins 500 n'auront plus leur salaire dès le mois prochain”, en s'attaquant dans le même temps aux contractuels qui “perdront eux aussi leur travail à la fin de l'année”. En fait, ce n'est pas la LFC 2009 qui pose réellement problème, mais son application sur le terrain. En effet, depuis plusieurs années, les ports d'Algérie ont connu des mutations, engendrées par les choix libéraux, où l'entrée du privé, voire même la privatisation de certaines activités portuaires, sont envisageables. Seulement, à l'heure de la réhabilitation des plans d'investissement et des anciens métiers dans le port, la machine semble grincer et s'éloigner des orientations de l'Etat, en matière de préservation des emplois ou de reconversion vers d'autres postes de travail. À partir de là, les plus hautes autorités du pays et l'UGTA sont interpellées principalement pour intervenir dans les meilleurs délais et mettre fin au calvaire des dockers, à commencer par ceux qui sont mis au chômage technique.